"Aujourd'hui, dans la ville de David,
il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur" (Luc 2. 11)
Lectures : Esaïe, chapitre 43, versets 10 à 13
1ère épître de Paul aux Corinthiens, chap. 16, vers. 5 à 9
Évangile
selon Luc, chap. 2, vers. 8 à 14
Quand je vois des images d'événements qui ont lieu dans nos
banlieues, je suis toujours bouleversé. Quelle violence ! Quelle désespérance !
Que d’incivilités, comme on a l’habitude de les appeler pudiquement ! On a
affaire le plus souvent à des gens complètement déstructurés, souvent des
jeunes, parfois même de très jeunes
adolescents. L'urbanisation à outrance de notre époque n'est pas sans poser
beaucoup de problèmes. Mais dans nos villes, il n'y a pas que des voyous ou de
la "racaille". Il y a beaucoup de gens, jeunes ou plus âgés, qui ne
connaissent rien de la bonne nouvelle de Noël. Pourtant un jour, dans une ville
semblable à nos villes, est né un Sauveur. Ne l’oublions pas !
Au commencement le Créateur a placé les êtres humains dans
un jardin magnifique. Il les a mis dans la nature, près des arbres, près des
fleurs, au milieu d'animaux de toutes sortes. Une génération ne s'était pas
encore passée que l'homme a aussi fait son ouvrage, sa petite
"création". Qu'est-ce qui est sorti de ses mains ? Qu'a-t-il réussi à
fabriquer ainsi ? "Caïn bâtit une
ville" dit l'Ecriture (Gen. 4. 17). Or Caïn fut un assassin… Alors que
sa victime, son frère Abel était un éleveur. De là on pourrait déduire bêtement
que la ville serait le lieu des criminels et qu'on est mieux à la campagne. Je
me garderai bien de le faire. Mais quand même, quelqu’un pourrait poser la
question : Y a-t-il une malédiction à habiter dans une ville ?
Ce n'est pas ma conclusion. Et je ne voudrais pas ce matin
qu'on oppose les gens de nos cités aux habitants de la campagne. Ou que l'on
classe tous les agriculteurs dans les bons et les citadins dans les vilains.
Non ! L'humour de la situation, c'est que justement des bergers, hommes des
champs, soient invités à entrer dans une ville pour comprendre comment le
Seigneur intervient en faveur du monde perdu. Et c'est là, derrière les
hôtelleries bondées, qu'ils vont découvrir, dans la simplicité, ce Sauveur, qui
est le Christ, le Seigneur. Je trouve cela merveilleux.
Si Dieu envoie son Fils dans la ville de David, c'est qu'il
ne méprise pas ce que l'homme a produit, au contraire. Il ne dédaigne pas notre
civilisation, notre culture. Bethléhem est une ville de Judée. C'est une ville
du Bassin méditerranéen, c'est une ville du monde, c'est une ville comme toutes
les villes du monde. Jésus est donc bien né dans une bourgade de chez nous. Il
est venu parmi nous, dans le concret de la vie des gens. Il ne rejette pas la
ville en tant que telle. Il vient y naître, il vient y vivre, il vient y
exercer un métier comme nous. Il en fréquente le lieu de prière comme nous.
Mais il vient y exercer sa mission : faire du bien, annoncer la Parole de Dieu
et révéler son amour.
Dans la ville, dans notre monde, Jésus a vu les ouvriers à
la recherche d'un emploi. Il les
interroge : "Pourquoi restez-vous toute la journée sans rien faire ?"
(Mat. 20. 6). Dans la ville, il a vu les
employeurs et il a vanté ceux qui étaient bons.
Dans la ville, il a vu les magistrats, les juges. Il a remarqué ceux qui
oublient la justice. Dans la ville, il a vu les commerçants, ceux dont la
gestion laisse à désirer ou ceux qui vont jusqu'à trafiquer dans le temple. Il
les invite à monter au temple pour la prière. Dans la ville, il a vu les
fonctionnaires, il leur a commandé de vivre honnêtement et de le suivre. Il a
répondu à leurs invitations et il a fait entrer le salut dans leur maison. Dans
la ville, il a vu les militaires et il lui est arrivé d’admirer la foi de l'un
d'eux. Dans la ville, il a vu les gouverneurs, les chefs des nations et il leur
a dit d'être les serviteurs de leurs subordonnés. Dans la ville, il a vu les
responsables de la religion et il leur a dit : Ce n'est pas votre tradition
religieuse qui vous sauvera. Dans la ville, il a remarqué les étrangers et les
a donnés en exemple. Au bord du chemin, il s'est arrêté à l'appel des aveugles
et des handicapés de toutes sortes. Au coin des rues il a eu pitié des
mendiants. De tous il s'est occupé, à tous il a apporté une parole essayant de
tourner leurs pensées vers Dieu son Père.
Mais Jésus, dans la ville de son temps, a rencontré beaucoup
d'égoïsme, de favoritisme. Il a dénoncé l'amour de l'argent et l'attachement
aux richesses. Dans la ville, il a revalorisé les plus faibles, les plus
petits, Il a réhabilité la femme, honoré l'enfant. Dans la ville il a surtout
observé beaucoup de méconnaissance, beaucoup d'indifférence, beaucoup d'ignorance
puisqu'on ne savait pas que le Messie était venu. Il n’y a que le temps d'une
journée, qu’on l'ait acclamé comme roi dans la ville. Mais 20 siècles après, il
y en a toujours qui ne s'inquiètent pas que Jésus soit né à Bethléem. Quand
nous avons fait notre voyage en Israël, ce qui m'a peut-être le plus frappé,
c'est de voir, dans la vieille ville de Jérusalem de grands pavés qui datent du
temps de Jésus. Et j'ai pensé : Peut-être les pieds de mon Seigneur ont-ils
marché sur ces pierres ! Ce qui est sûr, c'est qu'il a foulé le pavé de nos
cités.
La grande joie annoncée comme bonne nouvelle, c'est que,
dans la ville, le Sauveur est né. Qu'est-ce que cela veut dire ? Le verbe
sauver est très riche de sens. Jésus vient nous délivrer de toute peur, de toute
détresse. Il nous tire du danger, nous met à l'abri. Il nous rend libres, nous
affranchit de toute aliénation comme de toute servitude ou mauvaise habitude.
Il nous garde en dehors de la sphère du mal et du péché. Il nous fait vivre,
malgré la mort. Il nous secourt, il nous assiste, il nous vient en aide. Il
nous guérit de toutes nos blessures.
Voilà ce que fait Jésus.
Il
est le Sauveur. Je me rappelle d'un petit refrain appris à l'Ecole du dimanche,
il y a bien des années :
Quand nous l'appelons Sauveur,
Quand nous
l'appelons Sauveur,
C'est son
vrai nom, oui c'est son nom,
Il vint
pour nous sauver.
C'est le nom que le Seigneur
Dieu, l’Éternel, se donne à lui-même, comme nous l'avons lu dans Esaïe. Et
c'est aussi le nom que Jésus se donnera en parlant de lui-même. Parce que ce
Sauveur, né dans la ville de Bethléhem, c'est justement le Seigneur tout
puissant devenu homme.
C'est aussi le Messie, annoncé par les prophètes, et appelé
à souffrir pour les péchés de son peuple. En effet pour être véritablement le
Sauveur, il lui faudra beaucoup souffrir. Il lui faudra mourir sur la croix. On
ne peut penser à Noël sans penser à Vendredi-Saint. On ne peut parler de
Bethléhem, sans parler de Golgotha. Là, sur ce mont du calvaire, situé en
dehors de la ville, Jésus meurt pour notre salut. Il donne sa vie pour expier
les fautes de tous ceux qui croiront en son nom. Sa naissance n'est pas une
naissance ordinaire. Mais sa mort non plus, car elle est la base du pardon et
du salut que Dieu nous accorde dans sa grâce.
Dans la ville, dans notre ville, dans la ville de
Nostradamus, beaucoup ignorent tout cela. C'est pourquoi j'aimerais,
aujourd'hui, que nous prenions conscience des besoins de nos villes et de nos
"cités", de nos "quartiers". Quand je vois des jeunes gens
se shooter devant notre porte, quand je vois tous ces lycéens se répandre
autour de nous à chaque récréation, quand je vois toute cette foule qui ne
connaît pas le Sauveur, je ne peux pas rester indifférent. Alors je vous invite
à vous mobiliser avec moi, d'abord pour la prière. Ensuite pour faire connaître
le Sauveur au plus grand nombre possible. Comme pour Paul à Éphèse, une porte
est ouverte toute grande pour Salon-de-Provence. Prions particulièrement pour
ce témoignage par la Comédie musicale à l'Auditorium en mars prochain. On
pourra alors voir que, dans la ville, un Sauveur est né.
Prédication de Noël 2007 à Salon-de-Provence
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