Le fleuve sortant du
sanctuaire
Lectures : Livre du prophète Ezéchiel, chapitre 47, versets 1
à 11
Livre de l'Apocalypse, chapitre 22, versets 1 à 5
Evangile
selon Jean,, chapitre 7, versets 37 à 38
Dans
son livre, le prophète Ezéchiel relate beaucoup de visions que le Seigneur lui
a données alors qu'il était parfois en extase. Il transcrit ce qu'il a vu dans
le style apocalyptique, c'est-à-dire avec beaucoup d'images, beaucoup de
symboles, beaucoup de chiffres mystérieux et, il faut le dire, dans un langage
parfois difficile à comprendre.
Le
texte que nous avons lu parle d'une eau jaillissante, d'un fleuve, d’un torrent
: "De l'eau sortait sous le seuil de
la maison... Tout vivra partout où parviendra le torrent" (Ez. 47. 1,
9). Toute la Bible, de la Genèse à l'Apocalypse, reprend cette métaphore de
l'eau coulant comme un fleuve. Ainsi la scène où Moïse donne à boire au peuple dans le désert, est
rappelée longtemps après, par exemple au psaume 105 : "Il ouvrit le
rocher et des eaux coulèrent, Elle se répandirent comme un fleuve dans les
lieux arides…" (v. 41)
De son côté, le prophète Esaïe, reprenant la même image, n'hésite pas à
l'assimiler à Dieu lui-même. Voici ses paroles :
"Regarde Sion, la cité de
nos rencontres festives !
Tes yeux verront Jérusalem, lieu
tranquille,
Tente qui ne sera plus
transportée,
Dont les piquets ne seront
jamais enlevés
Et dont les cordages ne seront
pas détachés.
C'est là vraiment que le
Seigneur est magnifique pour nous
Il nous tient lieu de fleuves,
de larges rivières…" (Es.
(33. 20-21)
Par
ailleurs, dans l'Evangile de Jean, Jésus parle de "fleuves d'eaux vives" coulant de son cœur. Et, à la
dernière page de la Bible, le même apôtre évoque le fleuve dont Zacharie
nous fait la description : "Il me
montra un fleuve... sortant du trône de Dieu et de l'Agneau" (Apoc.
22. 1). Reprenant les images du prophète, il montre de chaque côté du
fleuve fruits et feuilles aux vertus
miraculeuses.
Dans
la symbolique du texte d'Ezéchiel, on peut se demander que représente le fleuve.
Comme beaucoup d'autres lecteurs de la Bible, j'y vois une image du
Saint-Esprit. En ce jour de Pentecôte, il est tout a fait approprié de parler
de Lui. Quelle est l’origine de ce fleuve ? D'où sort ce cours d'eau ? C'est du
sanctuaire, la partie principale du temple de Jérusalem, symbole de la présence
de Dieu sur la terre. Un autre prophète, Zacharie, dira aussi : "En ce
jour-là (formule qui se
rapporte aux derniers temps, aux jours du Messie) des eaux vives sortiront
de Jérusalem…" (14.
8). Et notre texte précise "de dessous l'autel." Ce qui
voudrait dire que le Saint-Esprit procède de Dieu, de même que de son Fils, et
qu’il est donné après que celui-ci a fait l'expiation des péchés aux portes de
Jérusalem, sur l'autel de la croix. Cela correspond aux paroles mêmes de Jésus
quand il disait : "Quand viendra le Défenseur, celui que moi,
je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui provient du Père,
c'est lui qui rendra témoignage de moi" (Jn 15. 26).
Le
fleuve coule toujours plus profond et le fait qu'il charrie une quantité d'eau
de plus en plus grande tient du miracle. C'est un symbole de puissance, de
grandeur, de profondeur. De même le Saint-Esprit est en mouvement et son action
est puissante. Il se propage de plus en plus jusqu'à aujourd'hui et jusqu'au
bout du monde. Il œuvre partout et son action se voit partout, particulièrement
là où se trouvent des chrétiens.
Quelle
est cette œuvre du Saint-Esprit ? Quelles sont ses caractéristiques ? D'abord,
il amène la vie. Ezéchiel dit : "Il y aura de la vie partout où
parviendra le torrent" (v.
9). En fait, il se dirige vers la droite quand on regarde vers l'est,
c'est-à-dire vers la Mer Morte. Cette mer porte bien son nom : aucune
végétation sur ses bords, aucun poisson ni aucune vie dans ses eaux parce que
trop salées. Le fleuve d'Ezéchiel s’y jette pour l’assainir. Dans ce lieu
désertique, aride et improductif, il apporte santé et vie. Il y produit ses
bienfaits. De même tout ce qui est perdu, comme le monde sans Dieu, ne sera
sauvé que par la présence du Saint-Esprit. C'est lui, en effet qui "convainc
de péché, de justice, de jugement"
(Jn 16. 8). Ce qui est impur est nettoyé, ce qui est malade, guéri, ce qui
est mort, revivifié. Tout est refait à neuf. Les individus et les peuples qui
se soumettent à lui sont créés à nouveau et transformés.
Partout
où le fleuve passe, on ne rencontre que prospérité, fertilité, abondance. Sur
ses deux rives poussent des arbres aux fruits merveilleux. Leurs feuilles ont
un pouvoir de guérison. C'est ainsi que le Saint-Esprit produit en nous,
chrétiens, des fruits de sainteté, de justice et d'amour, fruits que les gens
qui nous entourent trouvent bons à manger et qui leur apporte ce dont ils ont
besoin. Combien de personnes aujourd'hui sont victimes de la vie avec tout ce
qu'elle apporte de blessures physiques et morales ! Il est bon de savoir que le
Saint-Esprit est Celui qui console, qui encourage, qui apaise et qui guérit.
"Il
me fit traverser l'eau" (v.
3) Le Seigneur ne veut pas que nous soyons seulement les spectateurs d'une
vision. Pour le croyant, il faut qu'il y ait implication et engagement. Il a
besoin de découvrir, étape par étape, toute l’intention du Seigneur. Le
vocabulaire utilisé me suggère des similitudes frappantes. D'abord les pieds sont
trempés, symbole d'une action purificatrice. Comme Jésus le disait à l'apôtre
Pierre : "Celui qui est lavé n'a besoin que de se laver les pieds pour
être entièrement pur » (Jn
13. 10). Mille coudées plus loin, l'eau arrive aux genoux, sur lesquels le croyant
tombe pour s’adresser à Dieu dans la prière. Après la purification, c'est donc
l'adoration, la reconnaissance et l'intercession. Le Saint-Esprit nous envahit
d'un esprit de prière. Encore mille coudées et l’eau atteint les reins, qui sont
souvent associés, dans le lange symbolique de la Bible, à l’idée de force et
d’activité pour Dieu. Rappelons-nous ce que Jésus disait à Pierre : "Tu
étendras les mains et un autre te passera ta ceinture pour te diriger où tu ne
voudrais pas" (Jn 21.
18). Te diriger, c’est bien ce que veut faire le Saint-Esprit. En même temps,
il te fortifie et te rend apte à le servir. C’est lui qui est à l’origine de
tes actions positives. C’est lui qui te permet de le glorifier. Mille dernières
coudées et le niveau est tel qu’il te faut nager. Alors tu prends conscience de
toute la puissance du Saint-Esprit. C’est lui qui est ton Maître. Il veut te
remplir complètement.
Reconduit sur le bord, comme le
prophète, tu contemples, émerveillé, que partout où le torrent passe, il
produit la vie, une vie abondante. Et toi tu deviens le témoin du Seigneur et
de ses bienfaits.
Est-ce là ton expérience ?
Dans ta marche avec le Seigneur, à quel stade en es-tu ? De combien de
coudée t'es-tu avancé ? Je veux croire que tu ne t’arrêteras pas en route pour
expérimenter la puissance, la richesse et la beauté du Seigneur. Pour vivre la
vie, la vraie.
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