La crèche de
Bethléhem
" Un nouveau-né dans une crèche"
(Luc 2. 12)
Lectures : Livre du prophète Esaïe, chapitre 53,
versets 4 à 7
Epître
aux Hébreux, chapitre 10, versets 3 à 10
Evangile
selon Luc, chapitre 2, versets 1 à 20
Dans
les villages de Provence on trouve souvent à l'approche de Noël des marchés de
santons. Nous en avons profité pour y acheter, avant la venue de nos
petits-enfants, tous les personnages d'une crèche. En y ajoutant, bien sûr,
tous les animaux, des moutons, sans oublier le bœuf et l'âne que l'on détachait
de leur crèche chaque jour, y compris le jour du sabbat, selon les paroles
mêmes de Jésus.
Dans
le récit de l'annonce aux bergers de la naissance de Jésus, l'ange du Seigneur
leur dit : "Il vous est né... un
Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici un signe pour vous : vous
trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche." (Luc 2.
11-12). Le mot signe est important. C'est l'élément qui permet de reconnaître
quelque chose. Selon les paroles de l'ange, les bergers devaient reconnaître
trois vérités sur le petit enfant de la crèche et ce matin je voudrais les
relever pour notre édification.
D'abord
la crèche est le signe de la naissance d'un Sauveur. Imaginez cet événement :
un accouchement dans une étable ! On ne sait pas s'il y avait un bœuf ou un
âne, en tous cas probablement des moutons. Peut-être a-t-on dû les chasser pour
faire la place au Fils de Dieu. Bien sûr on ne pouvait pas le faire pour les
occupants de l'hôtellerie ! En fait, Jésus vient prendre la place de ces
animaux dont on en destinait certains au culte du Seigneur. Vous savez que,
d'après la loi, le sang répandu dans les sacrifices constituait un action
réconciliatrice vis-à-vis de Dieu, et purificatrice pour le pécheur.
Et
voici que le Christ, entrant dans le monde, peut dire : "Tu n'as voulu ni sacrifice, ni offrande; mais tu m'as formé un
corps... Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté" (Héb. 10. 5, 7).
C'est pourquoi il descend si bas dans l'humilité, si seul dans la pauvreté, si
méconnu dans l'abaissement, si profond dans l'amour.
Mais
rappelons-nous quelques aspects de sa courte carrière sur la terre :
Jean-Baptiste le présente comme "l'Agneau
de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1. 29). Il entre dans le
Temple. Il en chasse les vendeurs de brebis, de bœufs et de volailles. C'est
lui-même qui sera la victime sainte du
sacrifice. Il sera "maltraité et
opprimé... semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie" (Es. 53.
7). Et sa croix sera l'étal du boucher où il est égorgé.
En
considérant la crèche, ce matin, je n'y vois pas un bébé rose et nu. J'y
découvre plus qu'un petit Jésus. J'y contemple le Sauveur du monde. "Il vous est né un Sauveur"
dit le messager du Seigneur. Ce petit enfant dans une crèche sera la victime des
victimes dont le sang sera versé pour l'expiation. Et vous, qu'avez-vous fait
de lui ? Que faites-vous encore de lui ? Avez-vous encore quelque faute à lui
confesser ? Avez-vous encore sur la conscience quelque mal à lui avouer ? Il
vous est né un Sauveur.
Nous
apprenons une deuxième vérité par cet enfant dans la crèche de Bethléhem : Il est
le Christ, c'est-à-dire le Messie. Tout le projet de Dieu est lié à son peuple,
aux paroles et aux témoignages qu'il lui a confiés. Les prophètes l'annoncent :
le Messie sera fils de David et il
viendra de Bethléhem. Or l'enfant de la crèche a du sang de David par sa mère,
si l'on suit sa généalogie donnée au chapitre 3 de Luc. Joseph, d'après
l'Evangile de Matthieu, est aussi de lignée royale. En l'adoptant, il lui donne
son titre légitime. Jésus est bien le Messie-Roi.
A
l'époque de sa naissance, tout le peuple, à l'instar du vieux Siméon, attendait
la réalisation des promesses du Seigneur. Ceux qui connaissaient les Ecritures
saintes savaient où devait naître le Messie. C'est pourquoi le roi Hérode,
visiblement très troublé par l'arrivée des mages, convoque les scribes et les
pharisiens. Il leur demande où doit naître le Messie. "A
Bethléhem, de
Judée, répondent-ils, car voici ce qui a
été écrit par le prophète : Et toi,
Bethléhem, terre de Juda, tu n'es nullement la plus petite entre les principales
villes de Juda, car de toi sortira le Chef qui paîtra mon peuple d'Israël"
(Mat. 2. 5-6).
Mais le couple habite
à Nazareth. Et pour que la prophétie s'accomplisse, Dieu va bouleverser le
monde. Dans sa providence, il va provoquer toute une série de circonstances qui
serviront à son projet. L'empereur César-Auguste décrète un recensement, et chacun
doit se rendre dans son lieu d'origine. Marie enceinte et son époux Joseph sont
obligés de faire quelque cent kilomètres jusqu'à Bethléhem. Mais pas de place
pour eux car les auberges regorgent de monde. J'imagine un moment d'affolement
quand les contractions annoncent l'arrivée imminente de l'enfant. On trouve une
étable, on pousse les animaux ou on les chasse et leur crèche lui sert de
berceau.
La
crèche de Bethléhem, signe de la naissance du Messie. Cela me parle : Dieu
tient ses promesses. Même quand des gens ne s'occupent pas de Dieu, ils servent
à la réalisation de son plan et à le glorifier. Le croyant n'a rien à craindre.
Il peut vivre dans la quiétude et la paix. Il peut compter sur son Seigneur. Et
mettre en lui toute son espérance.
Après
le Sauveur et le Messie, l'ange dit que l'enfant de la crèche de Bethléhem,
sera "le Seigneur." C'est ce
mot que les Hébreux utilisaient pour désigner Celui dont le nom est ineffable
et que nos anciennes bibles traduisent par l'Eternel. Oui, l'enfant de la
crèche, c'est bien, selon la prophétie d'Esaïe "l'Admirable, le Conseiller, le Dieu tout-puissant, le Père
éternel, le Prince de la paix" (Es. 9. 5). Le Seigneur, c'est vraiment
Dieu avec nous, Emmanuel. Si nous le reconnaissons comme tel, sa présence nous
est assurée tous les jours de notre vie. Quel que soit le lieu où nous nous
trouvons, quelles que soient les circonstances que nous traversons, il est là, avec
nous, ne l'oublions pas. Que rien en nous ne lui déplaise, ni dans notre
attitude, ni dans nos paroles, ni dans nos pensées.
Les
bergers, après avoir entendu l'annonce de l'ange du Seigneur, s'en vont en
hâte jusqu'à Bethléhem. Ils reconnaissent le signe, le
miracle. Ils trouvent le nouveau-né dans la crèche, avec Marie et Joseph. Après
l'avoir vu ils vont raconter tout ce qu'ils savent de lui. Faisons de même, allons,
nous aussi, dire que la crèche de Bethléhem est bien le signe qu'un Sauveur est
né pour le monde. Proclamons qu'il est le Messie. Et n'oublions pas qu'il est
le Seigneur.
Alors,
comme les mages, adorons-le. Offrons-lui tout ce qui nous est précieux et laissons-nous
guider par lui dans tous nos itinéraires.
Prédication de Noël à Salon-de-Provence
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