Demandons le Saint-Esprit
"Le Père
donnera du ciel le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11.13)
Lectures : Livre de la Genèse,
chapitre 18, versets 20 à 33
Epître
de Paul aux Romains, chapitre 8, versets 31b à 34
Evangile
de Luc, chapitre 11, versets 1 à 13
Le texte
ci-dessus est la conclusion d'un ensemble d'enseignements sur la prière. Il
vient juste après deux paraboles très claires qui nous aident à comprendre ce
qui est à l'origine d'une requête, ce qui donne naissance à la prière.
Voici
un homme dérangé au milieu de la nuit par l'un de ses amis. Il veut bien
l'accueillir. Il veut bien le recevoir convenablement, faire quelque chose pour
celui qui arrive à l'improviste, fatigué du voyage. Il cherche ce qu'il a sous la main. Mais rien, il n'a rien,
même pas un morceau de pain. Comment témoigner de l'amitié sans un geste
concret ? Comment rendre service quand on n'en a pas les moyens ?
D'où
sa démarche vers cet autre ami qui dort, sa porte fermée à clef. On imagine la
scène : "Tu m'embêtes ! Ma porte est fermée. Mes enfants et moi, nous
sommes couchés. Pas question que je me lève pour te donner quoi que ce
soit." Pourtant, non par amitié, mais à cause du culot de son ami (le mot
est très fort dans le texte original), il lui
donne finalement tout ce dont il a besoin. Notez le changement des mots
: le premier dit : Prête-moi –> l'autre lui donne; il dit 3 pains –> l'autre
lui fournit tout ce dont il a besoin. Parce qu'il a insisté, parce qu'il ne
s'est pas arrêté au premier refus, parce qu'il a osé revenir à la charge. Il
lui manquait juste 3 pains pour être dépanné. Il était momentanément démuni.
C'est donc ce manque ressenti, ce besoin, qui est à l'origine de sa requête.
Dans
la deuxième parabole, c'est aussi un besoin, c'est tout simplement la faim qui
pousse l'enfant à s'adresser à son père. Il ne désire pas seulement un peu de
pain vite avalé, mais une nourriture plus consistante, un poisson, un œuf. Et
il reçoit selon sa demande de celui qui pourtant, dit Jésus, est mauvais par
nature.
"Combien
plus le Père donnera-t-il du ciel le Saint-Esprit à ceux qui le lui
demandent." Nous avons tous
besoin du Saint-Esprit, justement quand nous voulons témoigner aux autres un
peu d'amitié, par exemple. Nous sommes facilement dans un manque d'amour, un
manque de paroles, un manque de secours. Vous savez bien que pour donner, il
faut avoir reçu. Or, le Saint-Esprit peut nous combler de toutes sortes de
richesses afin que nous puissions en
faire profiter notre entourage.
Nous
avons besoin du Saint-Esprit pour notre vie spirituelle. Nous ne savons pas
prier, le Saint-Esprit nous y aide. Nous n'avons pas encore pardonné à ceux qui
nous ont offensés, le Saint-Esprit venant dans nos cœurs nous donne la capacité
de pardonner et d'aimer de l'amour de Dieu. Nous sommes parfois soumis à la
tentation, le Saint-Esprit est un Esprit de force qui nous donne la victoire.
Nous nous sommes rendus coupables de quelque tort, de quelque faute secrète, le
Saint-Esprit, notre Défenseur, saura nous donner l'assurance de la grâce de
Dieu et de son pardon.
Ou bien nous pouvons aussi connaître des circonstances
difficiles à cause de notre santé. Nous pouvons rencontrer des difficultés dans
nos relations familiales ou dans notre travail. Le Saint-Esprit nous réconforte
et nous encourage. Parfois nous nous trouvons devant un choix, une décision qui
va nous engager pour peu de temps ou pour toute la vie. Le Saint-Esprit nous
conseille et nous donne discernement et sagesse. Ou encore nous connaissons une
période de blues, de tristesse. Le Saint-Esprit nous redonne le moral et nous
remplit de joie. Dans toutes ces situations, il faudrait être bien orgueilleux
pour ne pas reconnaître combien il est important de nous adresser au Seigneur
qui viendra en nous-mêmes combler nos insuffisances.
Car
c'est une certitude, Dieu est bon, il exauce
nos prières. "Ceux qui me cherchent me trouvent." pourrait-il
dire comme Dame Sagesse dans le livre des Proverbes (8. 17), Il est celui qui
ouvre à quiconque frappe. Il est celui qui répond à quiconque demande. Il nous
accordera donc le Saint-Esprit. Il comblera le vide de notre cœur. Il nous
remplira de sa merveilleuse présence. Il mettra sa vie en nous.
L'enseignement de Jésus dans les deux
paraboles qu'il nous donne fait appel à l'argument "a fortiori",
"à combien plus forte raison". L'homme dérangé dans son lit à un sale
caractère. De plus son ami l'a mis de mauvaise humeur, mais il donne. Combien
plus notre Père céleste ! Il se laisse toujours déranger. "Il ne
sommeille ni ne dort" (Ps. 121. 4). Cent fois, mille fois, vous pouvez
avoir recours à lui. Et même si la première fois, sa réponse se fait attendre,
il a pourtant entendu. A vous de persévérer, de faire preuve de hardiesse. Vous
ne l'importunerez jamais. Il est un Ami bien meilleur et de tout autre nature
que le meilleur de vos amis.
Nous parents, nous ne sommes pas bons par
nature, dit Jésus, et pourtant nous répondons aux demandes de nos enfants.
Combien plus notre Père céleste ! De lui "descendent du ciel toute
grâce excellente et tout don parfait" (Jac. 1. 17) Et le Saint-Esprit
fait partie de ces grâces et de ces dons. Il est prêt à le donner à quiconque
le lui demande. D'ailleurs, il a fait la démonstration de sa volonté de donner,
quand, par amour pour le monde, il nous a donné son Fils unique. Et, comme nous
l'avons lu tout à l'heure, "Lui
qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qu'il l'a livré pour nous tous,
comment ne nous donnerait-il pas toutes choses avec lui ?" (Rom. 8.
32)
Avant de conclure, il reste un point que je voudrais éclaircir.
Dans quelle mesure le chrétien, qui a déjà le Saint-Esprit, doit-il encore le
demander ? En effet, comme l'apôtre Paul
l'a écrit, "Personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur, si ce n'est
par l'Esprit saint" (I Cor. 12. 3). Alors la parole de Jésus ne
serait-elle pas pour nous qui confessons le Christ ? Si, bien sûr ! Cette
parole s'adresse aussi à nous tous qui avons cru, afin que nous connaissions
cette plénitude, ce supplément de grâce dont nous avons tant besoin.
Et je voudrais relever dans les paroles de
Jésus deux indices qui vont dans ce sens. D'abord les termes "ceux qui
demandent" sont une forme verbale contient au présent. Mais les
grammairiens préciseraient qu'il s'agit d'un présent d'habitude ou de
répétition. N'ayons donc pas peur de "répéter" nos requêtes. Le
deuxième indice est donné par la deuxième parabole de Jésus : le fils qui
demande à manger à son père peut très bien le faire chaque jour et même
plusieurs fois par jour, chaque fois qu'il ressent la faim. Comme je le disais
tout à l'heure, chaque fois qu'il y a besoin, qu'il y a manque, n'ayons pas
peur prier, de demander, de formuler une requête.
J'avais un ami qui conduisait les TGV. Il est
auprès du Seigneur maintenant. Un jour que sa motrice était en gare de Valence,
il nous en a fait visiter la cabine avec son tableau de commandes et toutes ses manettes, tous ses boutons,
tous ses cadrans… Et alors que nous parlions des retards que les trains peuvent
avoir quelquefois, il nous a dit une chose intéressante. Tout au long de la
ligne, on indique au mécanicien la vitesse à laquelle il doit rouler. Mais
parfois il n'arrive pas à donner à la rame la vitesse indiquée, parce que la
tension a baissé dans le réseau. Il a beau faire, mais l'EDF ne fournit pas la
puissance nécessaire. D'où le retard. Pourtant le courant passe, le pantographe
est bien en contact avec la caténaire, mais le fournisseur est défaillant.
Quant à
nous, nous sommes en relation avec notre Père par le Saint-Esprit. Le courant
passe bien, mais nous ressentons un manque, une insuffisance. Nous voudrions
que le Saint-Esprit nous habite complètement. Nous avons besoin de son
assistance. Adressons-nous à notre Père céleste. Soyons sûrs qu'il n'est jamais
défaillant.. "Celui qui nous fournit l'Esprit" (selon
l'expression littérale de Gal. 3. 5) ne manque pas à sa bienveillance. Il nous
accordera le Saint-Esprit demandé. Pas forcément d'une manière spectaculaire,
comme au jour de la Pentecôte. Pas forcément comme une "seconde
bénédiction", ainsi que la recherchent certains. Mais comme une expérience
sans cesse renouvelée, aussi souvent que nous en avons besoin, aussi souvent
que nous en faisons la requête.
Comme il l'a promis, Dieu "donne à
tous généreusement et sans reproche" (Jac.1. 5). Alors adressons-nous
à lui en toute confiance et dans une grande simplicité.
Prédication du jour de Pentecôte 1983 au Riou.
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