L’ASCENSION
Lectures : Psaume
24
Actes
des apôtres, chapitre 1, versets 6 à 11
Épître
aux Hébreux, chapitres 1, versets 1 à 4, et 2, versets 7 à 12
Texte : "Portes, élevez vos linteaux ! Élevez-vous, portails éternels !
Que le Roi de gloire fasse son entrée !
Qui est ce roi de gloire ? – Le Seigneur, le
fort, le héros,
Le Seigneur, le héros des combats.
Portes, élevez vos linteaux ! Élevez-les,
portails éternels !" (Ps. 24. 7-9)
On
imagine David amenant l’arche du Seigneur de chez Obed-Edom où elle se
trouvait. Le grand roi d’Israël a remporté de brillantes victoires. Il vient de
conquérir de haute lutte la forteresse des Jébusiens qui n’est autre que
colline de Sion, le cœur De Jérusalem. C’est là qu’il veut transporter l’arche
de l’alliance, symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Il
arrive devant la muraille de la cité sainte, la ville éternelle. Ses portes
aussi sont éternelles. Il veut qu’elles s’ouvrent toutes grandes. Ce sera une
entrée triomphale. Il ne faudrait pas que l’arrivée de ce roi glorieux se fasse
à la dérobée. Il ne faudrait pas qu’il passe par la petite porte. Au contraire,
le plus grand honneur doit lui être rendu.
C’est
ainsi que le Seigneur Jésus entre dans le ciel à l’ascension. Ce jour-là n’est
pas seulement le moment de la séparation d’avec ses disciples ; ce n’est
pas seulement un départ, c’est une élévation, "Il a été élevé." Il est exalté. C’est le jour de son
intronisation, de sa grande réception dans le ciel. C’est là qu’il recouvre la
gloire qu’il avait un instant abandonnée pour venir jusqu’à nous. "Il s’est assis à la droite de la
majesté divine, au plus haut des cieux, devenu d’autant supérieur aux anges
qu’il a hérité un nom plus éminent que le leur" (Héb. 1. 3-4).
A
propos de ces portes qui doivent s’élever, on a retrouvé en Syrie, à un certain
château de Bania, les restes d’une ancienne entrée dont la porte coulissait
dans des rainures et qui se relevait un peu comme un store ou comme les herses
qui fermaient l’entrée de nos châteaux forts au Moyen Age. C’est l’image
employée ici. Il faut de la grandeur, de la hauteur. Comme si le roi était
monté sur un cheval, semblable à ce cavalier vainqueur de l’Apocalypse
chevauchant un cheval blanc.
"Que le roi de gloire fasse son
entrée !" Mais on demande : "Qui est ce roi de gloire ?" Il paraît que lorsque
la reine d’Angleterre veut se rendre dans la cité de Londres, elle arrive
devant le portail du Temple, dont les battants sont soigneusement fermés. Alors
un héraut s’avance et crie : "Ouvrez le portail !" Et de
l’intérieur on entend une voix disant : "Qui est-ce ?" Le
héraut répond : "C’est la reine d’Angleterre !"
Immédiatement le portail lui est grandement ouvert et elle entre sous les
acclamations de la foule. IL a suffit de donner le nom ou le titre. Dans notre
psaume, "C’est le Seigneur, le fort,
le puissant, le Seigneur, le héros de la guerre."
C’est
celui dont l’origine remonte aux temps anciens. Il est appelé la Parole. Il
était au commencement, il était avec Dieu, il était Dieu. Et il a pris un corps
tel que le nôtre. Il a séjourné parmi nous plein de grâce et de vérité. Il a
été puissant dans ses discours et dans ses actions. Il a accompli des miracles.
Il a lutté contre l’injustice. Il a fustigé l’hypocrisie. Il a combattu contre
toutes les formes du mal et contre les puissances des ténèbres. Il s’est montré
le fort, le puissant. Il a surtout fait la guerre au grand ennemi de Dieu et
des hommes, Satan, et il a été vainqueur. Puisque, mis à mort injustement et
enseveli, il est sorti vivant du tombeau. Il triomphe ainsi de la mort pour
toujours. Tel est ce roi de gloire.
C’est
lui notre Seigneur Jésus-Christ, comme l’apôtre Thomas le reconnaît en
s’écriant : "Mon Seigneur et
mon Dieu !" Jésus venait de dire à ce disciple
incrédule : "Avance ici
ton doigt, regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté
percé !" (Jean 20. 24). Reconnaissons que celui dont nous allons
rappeler la mort, tout à l’heure, en prenant la sainte cène, c’est le même que
nous célébrons comme un roi glorieux. L’épître aux Hébreux (2. 9) déclare, nous
l'avons lu tout à l'heure : "Celui
qui a été un moment abaissé au dessous des anges, Jésus, nous le contemplons
couronné de gloire et d’honneur, à cause de la mort qu’il a soufferte."
Cette
entrée glorieuse et solennelle est riche de signification quant à lui-même et
quant à nous. D’abord, quant au Seigneur Jésus : son ascension suit sa
résurrection et elle montre bien que l’œuvre rédemptrice de la croix est
parfaitement suffisante. Dieu le Père agrée le sang que lui présente, dans le
sanctuaire céleste, son Fils, souverain Sacrificateur parfait. De plus
l’accueil réservé au ciel pour Jésus nous rappelle qu’il reste vivant. Il est
vivant et il ne reste pas inactif : comme il l’avait promis, il répand avec abondance sur son peuple, de
la part de son Père, le Saint-Esprit avec tous ses fruits. Il prépare son
épouse pour le jour où il viendra la chercher. Il continue son ministère de prière
pour elle. Il fait des dons aux hommes en qualifiant certains pour édifier son
Eglise. Il envoie sa bénédiction et sa grâce sur les siens. Or, on le sait,
comme il est écrit dans les Proverbes (19. 12) : "la faveur du roi est comme la rosée sur l’herbe" (cf.
Osée 14. 6).
"Portes, élevez vos linteaux",
qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Pourquoi rehausser les portes ?
Rien alors ne devait empêcher, ni même freiner le passage du roi. De même rien,
quant à nous, ne doit entraver son action. Nous devons lui ouvrir tout grand la
porte de notre cœur et le laisser passer là où il veut. Il est le souverain
fort et puissant, il est le roi de gloire. "Honore
le roi !" (I Pierre 2. 7) nous est-il commandé.
Comment le faire ? Par nos paroles premièrement. Célébrons-le,
louons-le, adorons-le ! Pas seulement au culte, mais tout le temps. Dans
la pratique juive, on a prévu un psaume à chanter pour chaque jour de la
semaine. Le premier jour, c’est justement le psaume 24 que nous méditons qui
est choisi. Le lundi, le psaume 48 : "Le
Seigneur est grand, il est digne de toute louange." Le mardi, le
psaume 82 : "Lève-toi, ô Dieu,
juge la terre." Le mercredi, le psaume 84 "Comme elles sont aimées, tes demeures, Seigneur des
Armées !" Le jeudi, le psaume 81 "Poussez des cris de joie vers Dieu, notre force !"
Le vendredi, le psaume 93 : "L’Eternel
règne, il est majestueux." Et le dernier jour de la semaine, jour du
sabbat, le psaume 92 : "Il
est beau de louer le Seigneur et de célébrer ton nom, ô Très-Haut."
J’ai essayé de choisir ces psaumes dans les chants de ce matin.
Nous devons honorer notre Roi à
tous les moments de notre vie. Nos chants de louange en seront le reflet. De
même nous saurons honorer les autres, ceux que nous côtoyons dans la famille,
dans la société, dans l’Eglise. Il faut que notre humilité et notre respect
soient remarqués. Enfin un signe de l’honneur que nous apportons au Seigneur,
c’est la façon dont nous lui donnons une part de nos biens. Il est écrit :
"Honore le Seigneur avec tes biens
et avec les prémices de ton revenu" (Prov. 3. 9). Ainsi, que notre attitude soit
digne devant ce grand roi !
Pour terminer, je dirai que l’entrée de Jésus dans la gloire me donne un
sentiment indéfinissable, fait d’infinie reconnaissance et de joie mêlé à une
sorte de fierté. Le poète l’exprimait ainsi : Oh ! la
merveilleuse histoire :
Christ est mort
pour moi.
Jésus est le Roi
de gloire
Et je suis frère du
Roi ! (Ruben Saillens)
"Frère
du Roi" ? Oui, nous partageons déjà par la foi la gloire de notre Sauveur.
Nous sommes déjà par la foi "assis
ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ" (Eph. 2. 6). Il
nous donne déjà un "trône
glorieux" (I Sam. 2. 8). Quel honneur et quelle responsabilité !
Mais
ce n'est pas tout. Au psaume 73, v. 23 et 24, nous lisons : "Tu m’as saisi la main droite ; tu
me conduis par ton conseil, puis tu me recevras dans la gloire." Nous
serons donc au final accueillis au ciel près lui pour vivre avec lui pour
toujours. Prions pour que ce jour-là notre "entrée
dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur nous soit largement
accordée" (II Pierre 1. 11).
Prédication du dimanche après l'Ascension à Salon de Provence
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