mercredi 8 janvier 2014

Les noces de Cana


Evangile selon Jean 2. 1-11


            Lisons l'Evangile : Il y eut un mariage dans la ville de Cana, en Galilée. La mère de Jésus était là et on avait aussi invité Jésus et ses disciples à ce mariage. Quand il ne resta plus de vin, la mère de Jésus lui dit : " Ils n’ont plus de vin." Mais Jésus lui répondit : "Mère, est-ce à toi de me dire ce que j’ai à faire ? Mon heure n’est pas encore venue." La mère de Jésus dit alors aux serviteurs : "Faites tout ce qu’il vous dira." Il y avait là six de ces vases de pierre que les Juifs utilisaient pour se laver selon leurs règles religieuses. Chacun d’eux pouvait contenir une centaine de litres. Jésus dit aux serviteurs : "Remplissez d’eau ces vases." Ils les remplirent jusqu'au bord. Alors Jésus leur dit : "Puisez maintenant un peu de cette eau et portez-en au maître de la fête." Ils lui en portèrent. Le maître de la fête goûta l’eau, qui s’était changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin (mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient). Il appela donc le marié et lui dit : "Tout le monde sert d’abord le meilleur vin, puis, quand les invités ont beaucoup bu, on sert le moins bon. Mais toi, tu as gardé le meilleur vin jusqu’à maintenant ! Voilà comment Jésus fit le premier de ses miracles à Cana, en Galilée. Il fit apparaître sa gloire et ses disciples crurent en lui" (Evangile selon Jean, chapitre 2, versets 1 à 11).

            Ce miracle aux noces de Cana est un récit bien connu. Qui ne l'a pas entendu commenté lors d'un mariage ? Dans certaines Eglises on le prend pour texte le premier dimanche de l'année, peut-être parce c'est le premier des miracle de Jésus en Galilée, ou parce qu'il inaugure quelque chose de nouveau. Mais je crois qu'il est aussi de circonstance dans ces jours de reprise.

            Il s'est passé ce jour-là un fait extraordinaire qui défie toutes les lois de la nature : de l'eau changée en vin, une transformation complète de la matière, même plus que cela, une nouvelle substance créée. Et ce changement radical  s'est accompli  tout simplement.   Quelques mots de Jésus ont suffi : "Puisez maintenant !" a-t-il dit. Aucun effet sensationnel, ni grande démonstration extérieure, ni mobilisation de moyens spectaculaires.

            C'est ainsi que le Seigneur agit souvent, sans sonner de la trompette Il travaille mystérieusement, mais puissamment. Il œuvre secrètement, mais magnifiquement, sans que nous connaissions toujours le comment de ses actions. Pourtant aujourd'hui encore, Dieu est capable de faire des miracles.

            L'apôtre Jean, qui relate cet épisode de la vie de Christ, n'emploie pas le mot habituel pour miracle. Il écrit : "Tel fut à Cana en Galilée, le premier des signes que fit Jésus." Guidé par ce terme, nous pouvons relever au moins trois significations à ce qu'a fait le Seigneur.

            Premièrement Jésus nous montre qu'il peut et qu'il veut intervenir dans les circonstances de notre vie quotidienne. Ici, ce n'est pas n'importe quelle circonstance, puisqu'il s'agit d'un mariage, peut-être l'événement que je qualifierais volontiers le plus important de notre vie sociale. Jésus, en y assistant, consacre cette institution qui remonte aux origines mêmes de l'humanité. Il sait que le mariage fait partie de la volonté de Dieu. C'est pourquoi il le sanctifie, il le ratifie si vous voulez. Son intention était d'embellir ces noces de sa présence.

D'ailleurs n'est-ce pas une excellente chose pour nous d'inviter le Seigneur en toute occasion et de le laisser s'occuper de toutes nos affaires de famille, de groupe, d'Eglise ? Oui, il faut qu'il marque de sa présence toutes les circonstances de notre vie, toutes nos relations, tous nos gestes, tout notre comportement.

            Quand Jésus nous appelle à le suivre, il ne nous enlève pas des chemins courants de la vie. Il ne nous demande pas de nous retirer au désert. Il ne nous fait pas non plus directement monter au ciel auprès de lui. Il vient là où nous sommes et il se manifeste dans nos occupations de tous les jours. Il désire nous secourir, nous sauver, nous aider, nous aimer.

            Quelle bonne idée ont eue ces jeunes mariés d'inviter Jésus à leur mariage ! Leurs moyens étaient-ils limités ? N'ont-ils pas su bien compter ? Ou bien se sont-ils mal organisés ? Bref, la situation devient gênante. On en vient à manquer de ce qui fait la fête, le vin.

C'est alors que Jésus intervient. D'invité il devient l'Ami, le vrai Ami, celui qui donne. Il a du cœur, il sympathise, il comprend les besoins ordinaires des humains et les extraordinaires aussi. Il vient au secours de ceux qui sont dans la difficulté, dans l'impasse. Il pourvoit. Juste quelques mots de sa propre mère : "Ils n'ont plus de vin."  Et il en fournit généreusement. Il suffit qu'on lui expose notre besoin et il prend l'affaire en main. C'est encourageant pour nous. N'avons-nous pas telle insuffisance dans notre vie ? Pourquoi ne pas en parler à Celui qui s'intéresse à nous ?  Il est prêt à nous tirer d'embarras. Il va répondre à notre prière. Il désire nous donner non seulement ce qu'il y a de meilleur, mais aussi nous le donner en abondance.

Le miracle des noces de Cana a une autre signification. C'est le commencement d'une ère nouvelle. Ces jarres de pierre qui servaient aux ablutions des Juifs étaient des objets de leur culte. Dieu, en effet, avait commandé aux sacrificateurs de se purifier avant d'entrer dans le tabernacle et de s'approcher de l'autel. Le peuple aussi devait constamment se purifier, par exemple après avoir touché ce que Dieu avait déclaré impur, comme certains animaux ou un corps mort. Mais au temps de Jésus on avait exagéré et on se lavait pour tout et pour rien. On faisait de nombreuses ablutions rituelles.

En changeant en vin l'eau destinée à ces lavages nombreux, Jésus montre qu'il allait donner un autre moyen de purification. Le vin devient alors le symbole de son propre sang versé, non pour nettoyer l'extérieur, mais l'intérieur, le tréfonds du cœur de l'homme, toutes les saletés qui se trouvent en nous. Ces grandes jarres ne seront bientôt plus nécessaires. L'ordre ancien va changer. Un temps nouveau apparaît. Quelque chose de fondamentalement neuf surgit. L'expiation, le pardon des fautes par le sang répandu à la croix suffit. C'est pourquoi le vin est donné. Car il est symbole de joie et signe de fête. Il y a dans la Bible des quantités de textes qui présentent l'acceptation de l'Evangile comme un festin. Jésus est cet Epoux qui veut nous réjouir de sa présence, qui nous invite au banquet de noce qu'il a préparé. Il veut sortir l'homme de sa solitude, de son désarroi, de son angoisse pour s'allier à lui par son Esprit. Et avec sa joie, il nous donne sa paix, son amour. N'est-ce pas merveilleux !

            Pour finir, je retiens de ce miracle de Cana une dernière leçon. Le texte nous dit que Jésus y"fit apparaître sa gloire", c'est-à-dire son éclat, sa grandeur, sa dignité. Jésus de Nazareth est bien le Fils de Dieu. Il a le pouvoir de créer, de re-créer. Il transforme l'eau en vin. Il est tout-puissant. Il est Dieu venu dans notre monde, sous la forme d’un être humain comme nous. Il a secouru de jeunes mariés dans la gêne, il est donc plein de bonté. Le premier miracle qu'il accomplit en Galilée est une geste d'amour. Et ce geste parle clairement. Aujourd'hui encore Jésus-Christ transforme les cœurs. Nous ne sommes pas condamnés à rester toujours les mêmes. Il y a un relèvement possible. Comme il a transformé une eau fade en un grand cru, il veut transformer nos habitudes, nos vieilles routines, notre vulgaire en quelque chose d'agréable, plein de goût, de saveur, d'arome. De même nos petites entreprises, nos essais timides que nous mettons en route pour Lui, il va les marquer de sa gloire, À condition que nous l'invitions, bien sûr !

            Le récit se termine par ces mots : "Et ses disciples crurent en lui." Faisons de même ! Attendons-nous à son intervention, quelle que soit la situation où nous nous trouvons. Croyons qu'il intervient dans le dénuement, qu'il veut nous donner sa joie, qu'il reste à jamais le Tout-Puissant. Chaque jour et à chaque instant osons nous adresser à lui. Et n'oublions pas de suivre le conseil de Marie, sa mère : "Faites tout ce qu'il vous dira."
Message radiodiffusé

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