mercredi 8 janvier 2014

Parabole du trésor caché





Evangile de Matthieu 13 44

            Le récit de trésors enfouis et découverts m’a toujours fait rêver et sans doute avez-vous lu comme moi, peut-être dans votre enfance, des histoires où les gens tombaient par hasard sur de grandes richesses cachées quelque part. J’ai connu quelqu’un qui, au début de la dernière guerre mondiale, avait décidé de fuir les troupes étrangères et l’occupation en partant avec sa famille sur les routes de "l’exode". Auparavant, il avait pris soin de déposer dans son jardin une partie de ses économies sous forme de pièces d’or. Il espérait les retrouver à son retour et c’est bien ce qui se produisit. Mais imaginez qu’il ait perdu la vie et que ses biens aient passé à quelqu’un d’autre. Vous voyez la belle aubaine de celui qui, en bêchant la terre, par exemple, aurait trouvé tout à coup ce trésor. Quelle heureuse surprise !

            Un tel fait divers, le Christ l’a peint sur le vif dans l’une de ses paraboles. "Le royaume des cieux, disait-il, est comme un trésor caché dans un champ. Un homme l’a trouvé, mais il l’a tenu caché. De la joie qu’il en éprouve, il s’en va vendre tout ce qu’il possède et se met à acheter le champ" (Evangile de Matthieu, chapitre 13, verset 44). Il semble bien que, selon les lois de l’époque, celui qui achetait un bien était pleinement dans son droit s’il gardait tout se qui s’y trouvait caché.

            Pour l’homme de la parabole, ce qu’il a trouvé a une valeur immense, puisqu’il est prêt à se défaire de tous ses autres biens pour acquérir le champ. De même celui qui découvre le royaume de Dieu est en présence d’une richesse inestimable. Une joie extraordinaire l’envahit et le submerge. Dans l’absurdité de son existence, il aperçoit un fil conducteur. Dans son ignorance, il accède à une connaissance supérieure. Dans son découragement surgit l’espoir. Dans ses doutes naît la confiance. Dans ses haines et ses rancoeurs pointent la douceur et la tendresse. D’aveugle qu’il était, il voit la lumière. Déprimé, il retrouve l’entrain ; angoissé, il éprouve la paix ; mal dans sa peau, il s’épanouit ; captif, il recouvre la liberté ; perdu, il reçoit le salut gratuitement par le Seigneur Jésus-Christ.

            Car le royaume de Dieu c’est tout cela à la fois, c’est tout ce qu’apporte le Chef de ce royaume, le Roi des rois, le Seigneur Jésus lui-même. Existant auprès de Dieu, son Père, détenteur et maître de toutes choses, il accepte de venir vivre pauvrement sur la terre pour que nous soyons enrichis. Il subit jugement et condamnation pour que je connaisse grâce et pardon. Il se donne en sacrifice pour que j’obtienne la vie, le vie éternelle. Il peut reprendre à son compte les paroles de l’antique Dame Sagesse : "Moi je vaux plus que les pierres précieuses ; aucun trésor n’égale ma valeur" (Prov. 8. 11). "Ceux qui m’aiment, je les aime en retour, et ceux qui me cherchent sont sûrs de me trouver" (v. 17).

            Voilà donc quelqu’un qui découvre tout à coup le prix inestimable de l’Evangile, de la vérité du Christ qui s’y révèle. Il prend conscience de la valeur relative de tout ce qui n’est pas le royaume de Dieu. Il reconnaît l’insuffisance des richesses qu’il détenait avant sa découverte. Pourquoi ? Parce que le royaume de Dieu, c’est la réponse à la quête de sens de chacun. C’est la satisfaction d’un besoin inné de tout homme. C’est le plaisir d’une communion avec notre Créateur. C’est la jouissance d’une présence surnaturelle et continuelle. Vous connaissez peut-être le témoignage de l’écrivain et journaliste André Frossard qui a écrit le livre "Dieu existe, je l’ai rencontré". A partir de cette rencontre, sa vie a pris une autre dimension, son existence une tout autre tournure.

            Revenons à la parabole. Sûr de sa découverte, l’homme la cache, de peur de la perdre. Il veut acheter tout le champ. C’est un peu comme si l’on découvrait un filon d’or, il faudrait bien, pour en retirer le maximum, exploiter toute une carrière. Dans ce trésor tenu caché, on peut voir symboliquement la réalité présente, réelle, mais invisible, de ce royaume de Dieu. Nous savons que, dans l’avenir, il sera manifeste pour tous, pas seulement pour les croyants. Présentement, en effet, seul jouit de la bénédiction qu’il apporte celui ou celle qui a la foi, sans qu’il n'ait aucun mérite.

            Mais la joie de cet homme va devenir visible. Complètement différente sera sa manière de vivre. On va lui reconnaître de nouveaux objectifs, puisqu’il va passer son existence à acquérir le champ. Il va vivre uniquement pour ce qu’il a découvert.

            L’Évangile nous relate l’histoire de ce fonctionnaire véreux, appelé Zachée, qui s’était enrichi en collectant les impôts. Très petit de taille, il s’était perché un jour sur un arbre pour voir passer Jésus avec la foule. Celui-ci, arrivé à sa hauteur, lui crie : "Dépêche-toi de descendre ! Car aujourd’hui, il faut que je loge chez toi" (Luc 19). Cet homme voleur et corrompu reçoit le Seigneur Jésus "avec joie", nous dit le texte (v. 6). Comme l’homme de notre parabole, de la joie qu’il ressent, le collecteur d'impôt décide de changer d’attitude. Il est prêt à payer un prix parce qu’il a découvert son Sauveur. "Ecoute, Maître, dit-il, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres et je vais dédommager ceux à qui j’ai pris de l’argent en les trompant" (v. 8). Voilà un bon exemple de ce qu’est la vraie religion : une mise en ordre de sa vie passée. Cet homme était malhonnête, il avait lésé beaucoup de monde. Maintenant, il décide de réparer le mal qu’il a pu causer. Pour cela il doit sacrifier son orgueil en même temps que son argent. De plus il décide de faire du bien autour de lui. Quel bel exemple !

            La découverte du Christ implique un changement de comportement. Je voudrais en relever deux autres aspects. La Bible dit : "Si quelqu’un croit être religieux et qu’il ne sait pas maîtriser sa langue, il se trompe lui-même et sa religion ne vaut rien" (Jac. 1. 26). Le terme rencontré pour "Maîtriser sa langue" est intéressant. Il dérive d’un mot qui signifie le mors, cette pièce de métal qu’on met dans la bouche des chevaux pour les diriger. Cela fait mal d’être ainsi bridé. Mais si l’on a conscience d’appartenir à Dieu, on sera prêt à lui obéir aussi, même si cela nous coûte un certain prix. C’est "le prix de la grâce", selon le beau titre d'un livre  du théologien Dietrich Bonhoeffer. Pour suivre le Christ, les disciples ont dû abandonner leurs filets.

            La Bible dit encore : "Voici ce que Dieu le Père considère comme la religion pure et authentique : prendre soin des orphelins et des veuves dans leur détresse, et se garder de toute impureté venant de la mauvaise influence du monde" (v. 27). Je pourrais expliquer cet enseignement ainsi : laisser tomber son égoïsme, sortir de soi-même et de son petit univers à soi, penser à ceux qui sont dans la peine ou la solitude, les aimer concrètement en les visitant et en venant à leur aide. Cela peut coûter quelque sacrifice, mais c’est pour avoir tout le champ qui recèle le trésor.

            Il faut aussi savoir s’abstenir de la saleté et de la boue, car suivre le Christ conduit à la pureté. Saint Augustin, qui avait mené une vie dissipée, dit, à propos de sa conversion, que la joie lui rendit très facile un renoncement qu’il n'avait jamais auparavant envisagé sans crainte. Il écrit : "Quelle douce joie je ressentis alors, quand je me séparai de tout ce que je craignais de perdre ! C’est toi, ô ma vraie Richesse, qui m’as dépouillé de tout le reste. Tu m’en as délivré et tu es entrée chez moi, toi qui m’es plus précieuse que tous les plaisirs du monde."

            Je relis les paroles de Jésus : "De la joie qu’il en éprouve, il s’en va vendre tout ce qu’il possède et achète le champ." Se peut-il que vous qui m’écoutez, vous ne soyez pas prêts à renoncer à certaines habitudes. Ne voulez-vous pas vous défaire de tout ce qui vous empêche d'avoir le plein bénéfice de ce trésor qu’est le royaume de Dieu ? Il est vrai que le salut est offert gratuitement à celui qui veut bien le recevoir. Il est vrai pourtant qu’il faut savoir "calculer la dépense" avant de construire, comme l’a dit le Christ (Luc 14. 18). Autrement dit, il faut être conscient de tout ce qu’implique la découverte du vrai trésor. Conscient de tout ce que suppose le fait de suivre le Seigneur.

            Mais cela en vaut la peine, car une joie profonde et réelle venant du Saint-Esprit va remplir toute votre vie. Avez-vous découvert le trésor ? Alors vous êtes dans la joie. Décidez donc d’acheter tout le champ. Osez vendre pour vous retrouver plus riche, infiniment. 



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