Evangile de Matthieu 13. 31-32
La
parabole, comme le proverbe populaire, appartient au langage imagé. Le
narrateur prend un fait divers, une constatation dans le domaine de la nature, par
exemple, et ceux qui écoutent sont censés décrypter le message. En effet,
derrière les mots de la parabole se cache une vérité qu’il faut découvrir.
Jésus a utilisé souvent des paraboles en s’adressant aux foules qui le
suivaient. Il a su d’ailleurs porter l’art de la parabole à son suprême degré.
Prenons
aujourd’hui la parabole dite du "grain de sénevé" ou grain de
moutarde. Elle est très brève et voici comment Jésus l’a formulée : "Le royaume des cieux ressemble à un
grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son jardin. C’est la plus
petite de toutes les semences. Mais quand elle a poussé, c’est la plus grandes
des plantes : elle devient un arbre, de sorte que les oiseaux viennent
faire leurs nids dans ses branches" (Evangile selon Matthieu, chapitre
13, versets 31-32).
Que signifient ces
paroles ? Quel est leur sens caché ? Qu’est-ce que Dieu veut nous
apprendre par ces quelques mots ? Essayons de le voir ensemble. Le grain
de moutarde est minuscule et il était connu proverbialement pour sa petitesse.
S’il s’agissait de la variété de moutarde noire que nos botanistes appellent "sinapis nigra", ce serait une plante qui pouvait atteindre quatre
mètres de hauteur dans les régions fertiles de la Palestine. Notre Maître a pu
penser peut-être à l’arbre à moutarde, dont le nom savant est "salvadora
persica", beaucoup plus rare, qui montait à neuf mètres, un vrai arbre,
quoi.
Ce
qui ressort nettement de la parabole, c’est ce contraste évident, pour ne pas
dire extraordinaire, entre le caractère infime de la graine à ses débuts et la
taille finale de la plante. "Le
royaume de Dieu est semblable à un homme qui a pris un grain de sénevé et qui
l’a semé dans son champ…" En cela le royaume ressemble bien à son Roi,
le Christ. Des siècles avant son apparition sur la terre, le prophète Esaïe le
caractérise comme insignifiant au départ. "Il
s’est élevé, dit-il, comme une simple
pousse, comme une pauvre plante sortant d’un sol desséché..." Ce n’est
qu’après "avoir livré sa vie en
sacrifice pour le péché qu’il verra une descendance et que, par lui, aboutira
le projet du Seigneur" (Es. 53. 1, 10). Et Dieu dit encore, par la
bouche d’Esaïe : "Voici, mon
serviteur va obtenir un plein succès, il montera, il s’élèvera, il sera très
haut placé" (Es. 52. 12).
Cela
n’échappe à personne que le Christ est né pauvrement dans une famille
pratiquement inconnue. Faute de place dans les maisons et les auberges, on l’a
couché à sa naissance dans une crèche, à l’endroit des bêtes. Presque personne
ne s’est aperçu de son arrivée. Devenu adulte, il connut d’abord le succès, mais
ensuite, très vite, l’opposition, la condamnation et finalement le supplice de
la croix. Abandonné de ses disciples, il se livre à la mort dans la plus grande
faiblesse. On pourrait presque parler de grande défaite. En tout cas, la croix,
voulue de Dieu, apparaît comme quelque chose d’insensé, de méprisable. Aux yeux
du plus grand nombre, elle est un fait insignifiant.
Pourtant
Jésus-Christ meurt là, en portant les péchés du monde et en faisant pour nous
le sacrifice de réparation, l’expiation. Il s’est abaissé, il a volontairement
tout perdu, mais pour tout retrouver. Car Dieu, en le faisant revenir à la vie
et en le faisant monter au ciel auprès de lui, l’a souverainement élevé. Il lui
a donné la suprême grandeur. Il l’a investi de la plus haute dignité et l’a
couronné de tous les honneurs. Un jour il apparaîtra à tous dans sa gloire.
Maintenant, seuls les croyants l’adorent comme leur Roi. Ils trouvent en lui
leur refuge, leur paix et leur sécurité. Contraste entre la petitesse du
commencement et la grandeur finale de la plante.
Cela est vrai
aussi du royaume de Dieu. Revenons à la croix. Tout semblait perdu. Seules
quelques femmes sont là dans la douleur. On les retrouve trois jours plus tard,
d’abord complètement désemparées devant un tombeau vide, puis très vite dans
une immense joie parce qu’il est ressuscité. Bientôt avec elles, cent vingt
disciples se rassemblent pour prier régulièrement. Le jour de la fête de la
Pentecôte, ensemble réunis, ils reçoivent le Saint-Esprit promis. Tout de suite
après, trois mille sont baptisés à Jérusalem, puis ils sont cinq mille, puis
des multitudes (Act. 5. 14). En peu de temps l’Evangile se propage en Asie, en
Europe, à Rome, la capitale de l’Empire. C’est une poussée formidable,
irrésistible. Quelques années plus tard, l'apôtre Paul note dans l’une de ses
lettres : "La bonne Nouvelle se
répand et apporte ses bénédictions au monde entier" (Col. 1. 6).
Aujourd’hui les Aucas des Andes, les Papous de la Nouvelle Guinée, les ethnies
les plus lointaines sont atteintes par l’Evangile. La Bible est traduite en
tout ou en partie dans plus de deux mille langues et la tâche n’est pas encore
achevée. Cependant le principe décelé dans la parabole a pleinement joué :
pas de commune mesure entre la petitesse du début et l’étendue du royaume.
" Si vous aviez de la foi comme un
grain de moutarde…" disait le Seigneur Jésus (Mat. 17.20). Cher ami,
qui m’écoutez, votre foi est peut-être très petite, ou presque inexistante.
Mais elle peut se développer avec l’aide de Dieu, de telle sorte qu’on ne la
reconnaîtra pas. L'Évangile nous parle d’un homme qui présentait à Jésus son
enfant cruellement possédé par un esprit malin. Il suppliait le Seigneur et
disait : "Si tu peux, secours-nous,
aie compassion de nous ! – Si tu peux… répliqua Jésus, tout est
possible à celui qui croit. Aussitôt le père de l’enfant s’écria : Je
crois, aide-moi dans mon incrédulité !" (Marc 9. 22-24) D’après la
Bible, il ne faut pour rien au monde "mépriser
le temps des petits commencements" (cf. Zach. 4. 10). Comme l'a dit un
commentateur : "Tout ce qu’il y a de grand dans la sphère du divin a
eu de tout temps un commencement semblable au grain de moutarde." Quel
encouragement pour nous, n'est-ce pas ?
"La petite semence pousse, monte. Plus
grande que les légumes, elle devient un arbre." Par comparaison, le
royaume de Dieu a donc une croissance constante, continuelle, irrésistible.
Dans la parabole du semeur, Jésus avait parlé d’obstacles au mûrissement des
épis : le terrain rocailleux, les ronces, etc. Dans la parabole de la
mauvaise herbe et du bon grain, il y avait un ennemi qui voulait nuire au
propriétaire du champ. Le développement du royaume est ainsi abordé sous
différents angles. Mais ici, dans la parabole du grain de sénevé, rien de
semblable. On est assuré que, malgré tous les efforts déployés contre
l’Evangile, et il y en a, son expansion ne peut être remise en cause. Il va de
l’avant. Les Églises se multiplient dans les pays mêmes où elles sont
combattues. Il y a actuellement une formidable progression des Églises dite
"de maison" en Chine où l’athéisme est prôné officiellement. C’est
l’œuvre du Seigneur lui-même. C’est lui qui, comme au début, ajoute "chaque jour à la communauté ceux qui
sont sauvés" (Act. 2. 47). Il peut le faire avec vous qui m’écoutez en
cet instant.
Un
dernier mot : Que signifie ces oiseaux qui viennent nicher dans les
branches de l’arbre ? C’est une image familière chez les prophètes de la
Bible, celle de l’accueil d’un grand nombre de personnes ou de nations qui
trouvent abri et sécurité. Quand il s’agit du royaume de Dieu, c’est bien ce
que trouvent celles et ceux qui désirent goûter ce que le Christ-Roi leur
offre. Comme à l’ombre d’un grand arbre, celui qui vient à Jésus connaît la
fraîcheur de son amour. Il reçoit le secours dont il a besoin. Il jouit au plus
profond de lui-même de la paix de Dieu que rien ne surpasse et que personne
d’autre ne saurait lui procurer. Il aura cette tranquillité d’esprit et cette
confiance qu’ont les oiseaux et leur couvée quand ils viennent nicher au creux
des branches d’un grand arbre.
En
conclusion, croyez-vous que Dieu puisse vous donner un tel abri ? Et si
vous l’avez trouvé, pourriez-vous le partager avec ceux qui le cherchent
encore ?
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