mercredi 8 janvier 2014

Parabole du filet jeté dans la mer




Evangile de Matthieu 13. 47-51


            Je vous lis la dernière des sept paraboles du royaume telles que l'évangéliste Matthieu les a groupées au chapitre 13 de son Évangile : "Voici encore à quoi le royaume des cieux est semblable : à un filet jeté dans la mer et qui rassemblent toutes sortes de poissons. Quand il est rempli, on le tire sur le rivage, puis, assis, on recueille ce qui est bon dans des récipients et on jette ce qui est mauvais. Il en sera de même à la fin du monde. Les anges s’en iront séparer les mauvais du milieu des justes et ils les jetteront dans la fournaise ardente. C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Evangile selon Matthieu, chapitre 13, versets 47 à 51)

            Dans la parabole précédente, celle du marchand de perles, Jésus montrait le royaume des cieux ressemblant à un homme qui cherche et qui trouve une grande richesse. Ici, par contre, le royaume est comparé à un filet qui se remplit de tout ce qui se trouve dans la mer. Là, quelqu'un qui met tout en œuvre pour atteindre le Seigneur, ici, c'est le Seigneur qui met tout en œuvre pour atteindre les gens. La métaphore centrale de la parabole est donc ce grand filet jeté dans la mer et ramassant pêle-mêle toute espèce de choses (le mot poisson n’est même pas mentionné dans le texte original). Le tri survient beaucoup plus tard, c’est-à-dire quand le filet ne sert plus puisqu’il est tiré sur la berge.

            Lorsque le Christ a choisi ses apôtres, il en a pris un bon tiers parmi des pêcheurs et il leur a dit cette parole étonnante, reprenant une image des anciens prophètes (cf. Jér. 16. 16) : Désormais, ce sont des êtres humains que vous capturerez : "Je vous ferai pêcheurs d’hommes" (Mat. 4. 7). Mais comment le sont-ils devenus si ce n’est en proclamant la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. C’est ainsi, qu’à leur manière, ils ont jeté le filet. Le filet pourrait donc bien représenter la prédication de l’Evangile à tous les hommes. Cette proclamation s’est d’abord faite par le Seigneur lui-même, ensuite par ses apôtres, puis par tous les chrétiens, responsables de la mission de Dieu dans le monde.

            Dans la parabole de Jésus, il ne s’agit pas de pêche à la ligne, ni même à l’épervier, mais plutôt de pêche à la senne, ce grand filet que plusieurs équipes de pêcheurs tendent en cercle d’un bateau à un autre pour ratisser très large. Belle comparaison : le but de Dieu est très vaste, son amour embrasse le monde entier, car il désire que "tous soient sauvés" (I Tim. 2. 4). Il envoie ses témoins partout et il leur confie cette tâche redoutable d’atteindre tous les hommes par sa Parole. "Leur voix a retenti par toute la terre, lisons-nous dans la Bible, et leurs paroles sont parvenues aux confins du monde" (Rom. 10. 18, citant le Ps. 19).

            Quel est l’effet de la prédication de l’Evangile sur ceux qui l’entendent ? Il est double et contradictoire. Les apôtres envoyés et appelés à dire dans la maison où ils entraient : "Que la paix soit sur vous !" pouvaient recevoir un bon accueil. Dans ce cas, la paix descendait réellement sur toute la maisonnée. Au contraire, ils pouvaient être refoulés. Ils devaient alors symboliquement secouer la poussière de leurs pieds. Pour ceux-là, le Christ prévoit le plus dur des jugements. Il a dit aussi quelque part : "Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a bien un juge : c’est la parole que j’ai dite qui le jugera au dernier jour" (Jn 12. 48).

            Comme le filet enserre toutes sortes de choses, du bon et du mauvais, la proclamation de l’Evangile enferment les gens qui l’entendent dans un dilemme. Ou bien ils l’acceptent pour leur plus grand bonheur, ou bien ils la refusent pour leur plus grand malheur. Mais une fois qu’ils l’ont entendue, leur destinée est fixée d’après l'ultime réponse qu’ils vont y donner. C’est leur propre choix et l’attitude qu’ils prennent face à l’amour de Dieu, qui déterminent leur avenir. Ils sont, de façon symbolique, dans les mailles du filet jusqu’au jour du tri.

            Il faut bien comprendre le principe que cette parabole révèle. C’est qu’une même action, menée dans de mêmes circonstances, peut avoir des conséquences complètement opposées. Comme la colonne de feu et de nuée éclairait les Israélites d’un côté et plongeait de l’autre les Égyptiens dans le noir, de même, un enseignement est lumineux pour ceux qui le comprennent et obscur pour les autres. Si Jésus lui-même a été parmi les hommes " un signe de contradiction", comme le vieux Siméon l’a prédit à Marie (Luc 2. 34), son Évangile garde ce caractère, et la proclamation de l’Évangile aussi. Pensez à la croix qui se trouve au cœur de message évangélique. Eh ! bien, cette croix est à la fois pour le salut des uns et pour la condamnation de ceux qui refusent de voir dans le Crucifié celui qui a été jugé à leur place. C’est pourquoi l’apôtre Paul écrit aux Corinthiens que la croix est scandale et folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est "puissance de Dieu et sagesse de Dieu" (cf. I Cor. 1. 18-24).

            Chaque fois que les chrétiens annoncent le salut, c'est-à-dire quand ils énoncent les conditions par lesquelles n’importe qui peut être sauvé, ils exercent le pouvoir que leur Maître leur a donné à travers les apôtres, celui de lier et de délier. "A qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci sont pardonnés et à qui vous les retiendrez, ils seront retenus" (Jn 20. 23). Oui, l’Évangile que nous proclamons au monde dans la puissance de l’Esprit conduira, comme au temps des apôtres, au pardon pour certains de ceux qui l’entendent, et pour les autres, à l’endurcissement du cœur.

            "Quand le filet a été rempli, on le tire sur le rivage…" Aujourd’hui nous sommes dans le temps de la grâce, mais cette période prendra fin bientôt. Comme le Christ l’a dit : "Cette bonne nouvelle du royaume sera proclamée par… toutes les nations. Alors viendra la fin" (Mat. 24. 14). Il y a un temps d’attente, de longueur indéfinie, temps pendant lequel nous ne pouvons rester inactifs. Car nous sommes appelés à pêcher, à prêcher, à parler, à évangéliser, à déployer le filet, quelles que soient les circonstances, ou les difficultés, ou les intempéries.

             Nous savons, nous, que la pêche un jour cessera et que le tri se fera. Nous attendons ce moment où le Seigneur, le Fils de l’homme, enverra de sa propre autorité ses messagers. Alors "ils élimineront de son royaume tous ceux qui incitent les autres au péché et qui commettent le mal" (Mat. 13. 21). J’ai cité là les termes de la parabole de la mauvaise herbe, qui a beaucoup d’analogie avec celle-ci. Et comme dans le champ, le blé et la mauvaise herbe cohabitent jusqu’à la moisson, de même dans le filet se trouve mêlé ce qui est de belle apparence et ce qui est gâté, pourri, mauvais. C’est ainsi que nous, chrétiens, nous vivons dans le monde au milieu de tous ceux qui n’ont pas encore accepté le salut, bien que notre destinée et la leur soient différentes. Appelés à vivre selon l’Évangile, nous l’annonçons par nos paroles, nos gestes et notre comportement. Nous n’avons donc pas de temps à perdre et nous utilisons tous les moyens pour que le plus grand nombre soit sauvé. 

            "On met ce qui est bon en réserve et on rejette ce qui est mauvais…" Au 4ème siècle a vécu, au Moyen-Orient, un certain Jean, célèbre docteur de l'Eglise. Il avait tant d'éloquence dans ses prédications, il parlait si bien qu'on le surnomma "Chrysostome", ce qui veut dire "une bouche en or". Malgré cela, il a dit, à propos de cette parabole qu'elle était "terrible". Jésus, en effet, donne lui-même l’explication de ce tri qui survient à la fin, quand le filet a été rempli. Il y aura un jugement, le dernier. Nous croyons que le mal prendra fin. Nous croyons que ceux qui persévèrent délibérément dans l’injustice, dans l’impureté, dans le mensonge seront jugés. Nous croyons que ceux qui rient de Dieu aujourd’hui et qui le rejettent, se lamenteront alors. Voilà l’effet de "la fournaise ardente", selon l’expression de Jésus.  Voilà ce que signifie ces paroles sortant de sa bouche : "Il y aura des pleurs et des grincements de dents." Comme il l’a dit ailleurs : "L’un sera accueilli, l’autre laissé" (Mat. 24.40). Tous n'iront pas au paradis, non, non. Voilà pourquoi il est vrai que cette parabole est terrible.

A nous donc d’en saisir tout le sens. A nous de bien répondre au message de Dieu plein d'espoir et de l'accueillir. A nous surtout qui l’avons compris, à nous de continuer à vivre pour la proclamation de la bonne nouvelle de notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, jusqu’à la fin.

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