mercredi 8 janvier 2014

Les marchands du temple




Evangile selon Jean 2. 13-23


Lisons l'Évangile : La fête juive de la Pâque était proche et Jésus monta à Jérusalem. Dans le temple, il trouva des gens qui vendaient des bœufs, des moutons et des pigeons. Il trouva aussi des changeurs d’argent assis à leurs tables. Il fit un fouet de corde Il dit aux vendeurs de pigeons : "Enlevez cela d’ici ! Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce." Ses disciples se rappelèrent ces paroles de l’Ecriture : "L’amour que j’ai pour ta maison, ô Dieu, me consume comme un feu." Alors les chefs juifs lui demandèrent : "Quel miracle peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?" Jésus leur répondit : "Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai. – On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, lui dirent-ils, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours ?" Mais le temple dont parlait Jésus était son corps. Quand Jésus revint de la mort à la vie, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela. Et ils crurent à l’Ecriture et aux paroles que Jésus avait dites" (Évangile selon Jean, chapitre 2, versets 13 à 23).

            La scène décrite en quelques mots dans ce passage est vivante et animée. On est en train de vivre la préparation de la Pâque, l’une des principales fêtes des Juifs. Il y a énormément de monde venu à Jérusalem pour faire des sacrifices ou des offrandes. Dieu, en effet, dans la loi de Moïse, avait prescrit d’amener les offrandes et les dîmes dans le lieu de sa demeure, comprenez le temple. Il avait ajouté : "Peut-être le chemin sera-t-il trop long pour ce transport… Alors tu échangeras tes offrandes contre de l’argent et là-bas tu achèteras tout ce que tu désireras, gros et petit bétail", etc. (Deut. 14. 34).

            Quoi donc de plus normal qu’il y eût dans la ville et même dans les environs, des échoppes, des étals, des boutiques, des places de foire. De plus, on profitait de la fête pour payer à ce moment-là l’impôt du temple qui devait se régler en monnaie officielle et non avec les pièces frappées de toutes les effigies des royaumes païens. Les bureaux de change faisaient donc de bonnes affaires et l’on empilait sur des tables les pièces échangées, tandis qu’étaient préparées celles qu’on rendait.

            Mais pourquoi s’installer jusque dans la cour du temple ? Cela le profanait. Imaginez ces troupeaux de bœufs, de vaches, de génisses, de veaux, de moutons, de brebis, d’agneaux, meuglant, bêlant et répandant une odeur de fumier jusque dans la maison de Dieu ! Représentez-vous ces acheteurs et ces vendeurs criant, appelant, discutant et se disputant… Où sont ceux qui prient dans la maison de Dieu ? Et ceux qui voudraient le faire pourraient-ils trouver le recueillement voulu ? Dans notre vie agitée d’aujourd’hui, j’oserais poser la même question : Où sont ceux qui prient ? Les préoccupations de la vie quotidiennes, les échanges, le commerce, les affaires, l’argent, tout cela prend possession de l’espace sacré, c’est-à-dire du temps que l’on doit consacrer à Dieu.

            Jésus est au début de sa mission. Il monte à Jérusalem et il va directement au temple, là où, jeune enfant de douze ans, il avait discuté plusieurs jours avec les théologiens et les maîtres des Ecritures, les étonnant de ses réponses. Puis comme ses parents l’avaient cherché, inquiets, il leur avait dit : "Ne faut-il pas que je m’occupe des affaires de mon Père ?" (Luc 2. 48). Aujourd’hui, à la vue de ce désordre, il est bouleversé, il est rempli d’une juste indignation. De manière ferme et décidée, avec tout le zèle qu’il a pour sa maison, il intervient. Avec un fouet de fortune, il met en fuite marchands et clients, mais sans irritation coupable. Il chasse le bétail. Aux vendeurs de pigeons, il demande de s’en aller avec leurs cages et leurs volières. "Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce." Et tout le monde obtempère. Les occupants intempestifs du temple déguerpissent. Pris par surprise et peut-être encore plus par honte, personne n’ose résister. On se trouve tout à coup face à l’autorité morale de Jésus, à une force surnaturelle.

Pourquoi Jésus a-t-il agi de la sorte ? Ses disciples se souviennent d’une parole de l’Ecriture : "L’amour que j’ai pour ta maison, ô Dieu, me consumera comme un feu !" (Ps. 69. 10). C’est donc l’amour de Dieu qui l’anime. Il appelle ce sanctuaire la maison de son Dieu. Il en train de défendre l’honneur de son Père. Il tient à soutenir pour lui un juste combat pour purifier le lieu dont le Seigneur a voulu faire sa demeure. Car il le voit profané par le trafic qui s’y tient. Il n’y trouve pas la sainteté qui lui convient. Alors il est pris d’un zèle ardent. Il veut montrer l’attachement qu’il a pour son Père. Voilà le motif de son action. Et nous, croyants, quels sont nos mobiles. Pour qui, pour quoi nous mettons-nous en peine ? Est-ce qu’à l’exemple de notre Maître nous ne devrions pas aussi être consumés par l’amour de sa maison ?

            Mais je vois une deuxième raison à l’action de Jésus. En disant "la maison de mon Père", il affirme hautement sa déité, sa messianité. Depuis l’époque du prophète Malachie et selon ce qu’il avait écrit quelque cinq cents ans auparavant, les Juifs pieux s’attendaient à voir le Messie prendre brusquement possession du temple. "Soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez" avait dit le porte-parole de Dieu. Jésus vient donc d’accomplir littéralement ce qui était annoncé sur lui. Malheureusement, la plupart ne reconnaissent pas son geste. Quant à nous-mêmes, reconnaissons-nous en ce Jésus de Nazareth le Sauveur promis, celui qui était annoncé par les prophètes. Le voyons-nous comme l’Envoyé de Dieu venant habiter au milieu de nous pour nous révéler tout son amour ?

            Pourquoi encore Jésus chasse-t-il les vendeurs du temple ? Ce n’est pas en cette journée seulement qu’il purifie le parvis du Seigneur. Hélas, à la fin de son ministère, environ trois ans plus tard, il va recommencer. Ce sera son dernier acte public avant son arrestation et sa condamnation à mort. Mais alors, son intention est plus déterminée, et plus profonde la signification de son acte. A tous ces gens qui n’ont pas l’air d’avoir compris ce qu’est la vraie religion, il voudrait dire avec ses mots à lui : "Voyez-vous, le vrai culte qu’on doit rendre à Dieu va se faire en esprit et en vérité. Ces rites formalistes que vous accomplissez sans que votre conduite change, le Seigneur n’en a que faire. Ces sacrifices d’animaux vont bientôt cesser. Ils ne seront plus nécessaires. Le vrai Agneau, prédestiné dès longtemps, l’Agneau sans défaut et sans tare, c’est moi qui vais m’offrir en sacrifice pour vous sauver."

            Jésus sera donc la victime dont la mort enlève le péché du monde entier. Plus besoin de tous ces animaux, de cette volaille, de cet argent pour obtenir le pardon de Dieu. Plus besoin même de ce temple de Jérusalem. Le salut est pour tous ceux qui, dans l’humilité et la repentance, acceptent le Seigneur Jésus-Christ comme leur Sauveur personnel. "L’amour de ta maison, ô Dieu, me consumera comme un feu." Le Fils de Dieu n’a vécu et ne vivra que pour ce but-là. Il va déployer son zèle de telle manière qu’il en sera littéralement consumé : il en perdra la vie.

            L’intervention vigoureuse de Jésus dans le temple provoque deux réactions contraires, comme d’ailleurs toutes ses actions et ses discours. D’un côté, ses disciples ont leur foi fortifiée, en lui et à l’Ecriture. D’un autre côté, les chefs religieux répondent à ce geste par l’incrédulité. "Quel miracle nous montres-tu pour agir de la sorte ?" disent-ils. Comme si, justement, ce n’était pas déjà tellement évident ! Mais ils ne veulent pas reconnaître en ce fils de charpentier leur Messie, leur Libérateur. On assiste alors à une réponse énigmatique du Seigneur : "Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours" (2. 19). Si Jésus, en prononçant ces paroles, avait pointé son doigt vers lui-même, peut-être auraient-ils compris. Mais de toute évidence, leurs pensées sont ailleurs.

            Oui, pour le Christ, un autre temple existe, un autre sanctuaire a été donné aux hommes et c’est là que Dieu est venu habiter. C’est là qu’il a mis son nom. C’est là qu’il veut rencontrer la personne que nous sommes, la personne que tu es, toi qui m’écoutes. Cette maison de Dieu, ce temple, c’est le corps même du Christ. Détruisez-le, a-t-il dit, et je le relèverai. Ainsi par ma mort et par ma résurrection, je serai pour toujours le lieu de rencontre entre Dieu et les hommes, le seul intermédiaire.   

          Croyez-vous cela ? Dieu, en son Fils, vous donne rendez-vous aujourd’hui. Acceptez qu’il dérange vos habitudes, même religieuses. Laissez-le mettre de l’ordre en vous et vous purifier. Il en va de votre salut éternel. Mettez donc toute votre confiance en Lui et faites de sa maison une maison de prière.

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