mercredi 8 janvier 2014

La Samaritaine : La soif de Jésus

  


Evangile de Jean 4. 5-15


            Lisons l'Evangile : "Jésus arriva près d'une localité de Samarie appelée Sychar où se trouvait le puits de Jacob. Fatigué par la route, Jésus s'assit au bord du puits. Il était environ midi. Une femme de Samarie vient puiser de l'eau. Jésus lui dit : "Donne-moi à boire." (Ses disciples étaient partis chercher de la nourriture à la ville). La femme samaritaine dit à Jésus : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi, qui suis une femme samaritaine ? (Les Juifs, en effet, n'ont pas de relations avec les Samaritains). Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c'est toi qui le lui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive. La femme lui dit : "Seigneur, tu n'as pas de sceau et le puits est profond. Comment pourrais-tu avoir de l'eau vive ?" Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, dont il a bu l'eau, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?" Jésus lui répondit : "Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif. Car l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle." La femme lui dit : "Donne-moi cette eau pour que je n'aie plus soif et que je ne vienne plus puiser ici" (Evangile selon Jean, chapitre 4, versets 5 à 15).

"Donne-moi à boire !" Ces quelques mots de Jésus à une Samaritaine prennent un relief saisissant quand on les replace dans le cadre où ils ont été prononcés, dans l'un de ces pays du Proche-Orient où les déserts et les semi déserts sont plus fréquents que les plaines bien arrosées. "Donne-moi à boire !" C’est une demande courante formulée par des quantités de voyageurs ou de promeneurs.

            Mais que signifie cette requête sur les lèvres de Jésus : "Donne-moi à boire !" ? N’est-ce pas étonnant ? Lui, le Seigneur, le Fils du Dieu tout-puissant, le Messie qui vient du ciel, le voilà qui demande à boire, qui a besoin de quelqu’un, de cette inconnue pour étancher sa soif. Entre parenthèse, remarquons la délicate entrée en matière qu’adopte Jésus face à cette étrangère. Il ne se présente pas du haut de sa grandeur, mais comme l’inférieur, comme celui qui n’a pas, un peu comme un mendiant qui désire recevoir quelque chose. Quelle finesse dans sa psychologie ! Quelle perfection dans sa pédagogie ! Mais refermons la parenthèse.

            Oui, la soif de Jésus est réelle parce qu’il est comme l’un de nous. Elle est le signe de sa parfaite humanité. Il vient de faire des kilomètres à pied. C’est presque midi, il fait chaud. Ses disciples sont partis au village pour chercher de quoi faire un pique-nique. Et Jésus s’est laissé tomber au bord du puits. Assis, il ne peut attendre une minute de plus. Il a soif, comme nous aurions soif en pareille circonstance.

             On découvre un Jésus proche de nous. Il est bien le Fils de l’homme qui n’a pas "où reposer sa tête." "Ecce homo", voici l’homme, dira Pilate, le procurateur romain. Et nous le découvrons au puits de Sychar, humain parmi les humains, tellement semblable à nous qu’il a les mêmes besoins, les mêmes souhaits, les mêmes désirs. Il est Celui qui a "été tenté comme nous en toutes choses", toutefois sans succomber. Il s’est délibérément identifié à nous. Dans une parfaite acceptation de sa mission, il a voulu endosser cette "forme" humaine en s’abaissant jusqu’à nous. Parce qu’il voulait aller jusqu’au bout de notre condition, c'est-à-dire jusqu’à la mort. Il subit injustement la condamnation que nous méritions à cause de notre péché. Et il donne volontairement sa vie pour nous sauver.

            Souvenez-vous de l’une de ses dernières paroles, quand il agonise sur la croix, portant le péché du monde : "J’ai soif !" dira-t-il encore (Jn 19.28). Sa situation alors est celle de l’homme souffrant et subissant à ma place la punition qui devait me revenir. Il ne serait pas le vrai Messie, s’il n’avait pas dit "Donne-moi à boire !" Jésus n’est pas seulement l’Emmanuel, Dieu avec nous. Il est aussi "l’homme de douleur, habitué à la souffrance" (Es. 53. 3), l’homme le plus complet, le plus parfait.

            Mais, si l’on veut bien comprendre la parole de Jésus, cette demande "Donne-moi à boire !" a une autre signification pour nous. En fait elle s’adresse à chacun de nous. Elle va en direction des chrétiens de maintenant, des églises que nous formons. Cette soif du Christ est encore réelle aujourd’hui, plus de 2000 ans après. Comment, me direz-vous ? Comment Jésus nous fait-il encore entendre sa voix à l’heure où je vous parle ? Rappelez-vous la scène qu’il a décrite du jugement dernier. Il a rassemblé tous les peuples de la terre devant lui. Il a séparé les "bénis" de son Père d’avec ceux qui sont destinés au jugement éternel. Il dira, entre autre, aux premiers : "J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire." Mais les justes lui répondront alors : "Quand t’avons-nous vu avoir soif et t’avons-nous donné à boire ?" Et il leur répondra : "En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait" (Mat. 25. 40).

            Le monde a soif aujourd’hui. Soif de dignité, soif de liberté, soif de sincérité, soif de vérité. Le monde a soif de sécurité, de paix, de paix intérieure. Il a soif de fraternité, d’amour, de tendresse. Le monde a surtout soif de Dieu, du Dieu vivant et par la bouche de Jésus, il nous demande "Donne-moi à boire !" A nous de répondre à son attente, comme si c'était le Christ qui avait besoin de nous, à travers les humbles, les démunis, les malades, les affaiblis, les affamés, les assoiffés, les affligés de la terre. Huit siècles avant le Christ, le prophète Esaïe écrivait (41. 17) : "Les malheureux dans le besoin cherchent de l’eau, et il n’y en a pas ; leur langue est desséchée par la soif…"

Face à ce besoin, comment allons-nous réagir ? Notre première réaction, lorsqu’on nous demande à boire, c'est de trouver, comme la Samaritaine, objections et excuses. Elle disait : "Comment toi, qui es Juif, oses-tu me demander à boire, à moi qui suis une Samaritaine ?" (Les Juifs d'alors n'avaient pas de relations avec les Samaritains). Toujours ces barrières entre les personnes, ces murs que nous élevons, en réalité pour nous défiler. De même, nous avons nos préjugés. Comme si, pour donner à boire au monde, il n’y avait pas les pasteurs, les prêtres, les missionnaires, les spécialistes. En fait, les autres !
           
            Pourtant, c’est vrai que nous avons quelque chose à partager. La Samaritaine le fait valoir aussi. Ecoutez-la : "Notre ancêtre Jacob nous a donné ce puits… Nous, nous adorons sur le mont Garizim, tandis que d’autres disent qu’il faut adorer à Jérusalem." Comme cette femme, nous affirmons, nous aussi, avoir quelque bien. Nous avons certaines richesses. Nous avons un patrimoine laissé par nos prédécesseurs. Nous avons nos Eglises et leurs œuvres. Nous avons nos réunions traditionnelles, nos cantiques traditionnels, notre ordre de culte traditionnel. Quelque part nous avons même de l’eau et ce qu’il faut pour puiser, comme la Bible qui nous permet de boire à la source. Mais il ne faudrait pas que tout cela nous empêche de donner à boire à notre prochain qui crie, comme le Christ, encore aujourd’hui : "Donne-moi à boire !"

            Enfin surtout, comme la Samaritaine, nous avons notre ignorance. Jésus lui disait : "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te parle..."  Nous ne connaissons pas bien qui est notre Dieu, nous n’imaginons pas ce que Dieu a fait et ce qu’il peut encore faire. Nous oublions qu’il est le même, hier, aujourd’hui comme toujours. En réalité, notre ignorance et notre manque de foi nous conduisent à l’égoïsme, au repli sur soi.

             Bref, comment donnerons-nous à boire au monde ? Il faudrait que nous disions au Seigneur, comme la Samaritaine : "C’est à toi, premièrement de me donner à boire, car j’en ai besoin. Je ressens un vide en moi-même. C’est moi qui ai soif de cette eau vive dont tu parles. Donne-la moi, cette eau-là." Jésus a dit à une autre occasion : "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et que boive celui qui croit en moi ! Comme l'a dit l'Ecriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui mettraient leur foi en lui" (Jean 7. 37-38).

            Ce qu’il nous faut, chers amis, ce n’est pas seulement une bonne morale, une bonne religion, une bonne organisation, mais ce sont des vies remplies de l’Esprit de Dieu. Voilà ce qui frappera nos contemporains. Voilà ce qui pourra assouvir la soif de celui ou de celle dont le regard même nous dit "Donne-moi à boire !" Voilà ce dont les gens du monde ont besoin. Voilà aussi ce qui plaira au Seigneur.


            Ne voulons-nous pas aller à lui ce matin et boire, nous les premiers, ce qu’il nous promet, cette richesse qu’il a en réserve pour nous. C’est lui qui va produire en nous ce fruit de l’Esprit si agréable au plus petit des frères de Jésus : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la douceur… Savez-vous qu’"il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir" (Act. 20. 35), comme l’a dit Jésus. Et j’ajouterai : Avec Lui, plus tu en donnes, plus tu en as pour toi-même.


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