Evangile de Jean 4. 20-26
Dans une école de Haute-Loire les enfants discutent de religion. Les uns sont catholiques, les autres protestants. "Et toi ?", demande un enfant à son camarade. – "Moi, je ne sais pas." – "Et toi ?" - Moi, non plus." Finalement, dans la classe, trois ou quatre enfants ne savaient pas à quelle religion ils appartenaient. Est-ce que cela vous étonne ? Trouvez-vous cela inouï ou impensable, que des gosses de chez nous ne soient attachés à aucune religion ? Quant à moi, cela ne me choque pas outre mesure. Mais ce qui me fait mal au cœur, c’est que beaucoup d’enfants de notre pays, et beaucoup d’adultes mêmes, ne savent pas qu’il y a au ciel un Dieu qui les aime et qui veut les sauver.
Une
femme samaritaine, avons-nous vu, était venue puiser de l'eau au puits de
Sychar. Elle y avait rencontré Jésus et commençait à s'intéresser à lui. Et le
récit continue : "Seigneur, lui
dit-elle, je vois que tu es un prophète. Nos ancêtres ont adoré Dieu sur cette
montagne. Et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer Dieu est à
Jérusalem. Jésus lui répondit : Crois-moi, le moment vient où vous n'adorerez
le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, vous adorez ce que vous ne
connaissez pas. Nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient
des Juifs. Mais le moment vient, et il est déjà là, où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité. Ce sont là les adorateurs que le Père
demande. Dieu est Esprit et il faut que les vrais adorateurs l'adorent en
esprit et en vérité. La femme reprit : Je sais que le Messie, celui qu'on
appelle Christ, doit venir. Quand il sera venu, il nous annoncera tout. Et
Jésus de répondre : Je le suis, moi qui te parle" (Evangile selon
Jean, chapitre 4, versets 20 à 26).
Qui
sont les "vrais adorateurs" sinon les êtres humains qui, sur la
terre, ont une relation avec le Dieu du ciel, le Dieu de Jésus-Christ. Cela est
primordial et l'importance de la religion est relative. D’après une enquête
auprès de jeunes, 54 % des adolescents affirment croire en Dieu. Mais une jeune
fille interrogée disait : Je crois en Dieu, mais je ne sais pas auquel. La
femme samaritaine disait : "Nos ancêtres ont adoré sur cette montagne (le Mont Garizim) ; et, ajoutait-elle,
vous, les Juifs, vous dites que l’endroit oû il faut adorer est à Jérusalem."
Je trouve ces propos tout à fait d’actualité. Aujourd’hui bien des gens
voudraient croire et ils cherchent. Mais à quelle porte doivent-ils
frapper ? Il y a tant de religions, tant d’Eglises, tant de sectes
diverses. Laquelle est la bonne ?
Jésus
donne la réponse : il attire l’attention sur lui-même, sur sa personne. "Crois-moi,
dit-il." C’est moi que tu dois prendre au sérieux. C’est moi
qui suis la Voie, la Vérité, la Vie. C’est moi qui suis la lumière. C’est ma
parole que tu dois tenir pour vraie. C’est en moi qu’il te faut placer toute ta
confiance. Moi, je suis le Fils unique de ce Père que tu dois adorer. Sans moi
et en dehors de moi, tu es perdu. Avec moi, tu trouves le salut qui vient des
Juifs. Ce n’est ni sur le mont Garizim, ni à Jérusalem, que l’on peut vraiment
rencontrer Dieu. Ou, en tous cas, ce n’est pas là qu’il faut le chercher. On le
rencontre dans une relation personnelle, intérieure, intime, dans un acte
personnel d’engagement et de soumission envers lui, envers sa parole. En effet
sa parole nous révèle le Seigneur Jésus-Christ, lequel nous amène jusqu’au
Père.
Il
n’y a qu’un seul Dieu ! Là tout le monde est d’accord… ou presque. Parce
que chacun pense le posséder. Où, comme cette jeune fille du sondage, on ne le
connaît pas vraiment. Pour le découvrir, il suffit de reprendre la Bible, la
parole de Dieu. C’est elle qui nous le fait connaître. Elle est la révélation
de Dieu, écrite au commencement par des Juifs. Elle montre Dieu à l’origine de
tout l’univers. Elle raconte comment Dieu a créé le monde, comment il a créé
les humains, comment il s’est choisi un peuple pour le mettre à part. Elle
annonce d’avance qu’il suscitera du milieu de ce peuple un prophète du même
type que le grand Moïse. Elle prédit que le Seigneur enverra quelqu’un qu’il
appelle son Serviteur. Celui-ci mourra pour les péchés de son peuple. Il sera
précédé d’un messager qui annoncera sa venue imminente. Tout cela s’accomplit à
la lettre et Jésus peut dire : "Nous, nous adorons ce que nous
connaissons."
Le Christ – et cela est tout à fait clair quand
on lit la Bible honnêtement – ne surgit pas comme un illustre inconnu, à la
façon de tous les autres chefs de religion ou de secte. Il n’est pas, en un
sens, une nouveauté survenant de manière inopinée, imprévisible. Il disait aux
Juifs étonnés : "Avant qu’Abraham fût, moi, je suis" (Jn 8. 58). Ainsi le christianisme
est à la fois traditionnel et original. Traditionnel, parce qu’en accord avec
le judaïsme, avec ses oracles, son histoire, ses prophéties. Original, parce
qu’il démontre ou révèle le Messie qui était annoncé, quoique d’une manière voilée.
Alors
on peut parler du vrai culte et de ses caractères, ou si vous voulez de la
vraie religion, bien que j’évite ce terme qui est chargé de trop de
connotations et de sens divers. Donc le vrai culte, c’est premièrement celui
qui s’adresse au Père. L’objet de notre adoration n’est pas un Dieu lointain,
impersonnel et insensible. Il n’est pas seulement le Créateur, le Dieu de
l’infiniment grand et de l’infiniment petit, le Tout-puissant. Il est avant
tout le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et surtout, il est Celui que nous
pouvons nous-mêmes appeler, en relation avec Jésus, "notre Père qui es aux cieux !"
En
deuxième lieu, le vrai culte a un caractère spirituel. Il n’est pas fait
d’abord de rites extérieurs, de formules apprises et répétées, d’une piété
formaliste. Jésus disait : "Quand
tu fais l’aumône, ne claironne pas devant toi… ou encore : Lorsque vous
priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment à être vus de tout le
monde… Quand tu jeûnes, ne le laisse pas voir au dehors. Que personne ne le
sache, sauf ton Père qui voit dans le secret…" (cf. Mat. 6) On
s’imagine trop souvent que c’est, comme on le dit, de "pratiquer" qui
sauve ou simplement qui compte. Et l’on est parfois tenté de juger les autres
sur leur apparence ou sur ce que l’on voit d’eux. Mais l’Ecriture nous rappelle
que "le Seigneur ne considère pas ce que l’homme considère : l’homme
regarde à ce qui frappe les yeux, mais le Seigneur regarde au cœur"
(I Sam. 16. 7). C’est donc notre attitude qui compte à ses yeux. Ce sont nos
dispositions intérieures, c’est notre foi.
Un troisième caractère du culte que
nous devons offrir à Dieu, c’est qu’il soit vrai. Il est nécessaire, pour
connaître la communion avec Dieu, que nous soyons honnêtes, que nous nous
reconnaissions tels que nous sommes, et que nous nous présentions devant Dieu à
visage découvert. Rien n’échappe au Dieu de l’univers. N’allons donc pas nous
imaginer que nous pouvons lui cacher quoi que ce soit sur nos sentiments, sur
notre comportement. Le roi David le disait déjà dans une prière de
repentance : "Tu veux que la vérité soit au fond du
cœur" (Ps. 51. 8). Mais la vérité ne peut être réelle que si
l’on en appelle à Celui qui est LA vérité. En fait, cela implique aussi la
vérité historique, c’est qu’il est mort à la croix pour nous libérer de tous nos
péchés. Oui, comme Jésus le dit à la Samaritaine : "Les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité."
Il
reste un point à éclaircir : où pouvons-nous rendre ce culte ? "Ni
sur cette montagne, ni à Jérusalem", dit Jésus. Le Seigneur
nous appelle à lui et, où que nous soyons, répondons-lui et approchons-nous de
lui pour le servir. Oui, que ce soit chez nous, ou dans notre jardin, ou dans notre
voiture, ou au travail, ou à l’école. Dieu ne se laisse pas enfermer dans un
lieu, dans une chapelle. Le ciel est son trône et nous pouvons lui rendre un
culte partout. Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de vous
encourager à vivre en chrétien isolé, sans vous occuper des autres. Notre
culte, pourvu qu’il soit d’abord une communion avec Dieu par Jésus-Christ, sera
aussi vécu dans la "communion de tous les saints", selon la formule
consacrée. C’est ainsi que nous nous réunirons avec tous ceux qui ont la même
foi, qui sont rachetés par le même Sauveur, qui prient ensemble "Notre Père", et qui servent
le même Seigneur.
Mais
si l’on sait que, dans le mot adorer, il y a l’idée de service, le vrai culte
ne sera pas seulement la célébration du dimanche matin. Le vrai culte, c’est
une vie donnée au Seigneur, une consécration de tous les instants. Voulez-vous,
avec moi, l’adorer ainsi ? Dieu, en tous cas, notre Père, recherche de
tels adorateurs. Dites-lui : O.K. je suis là !
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