mercredi 8 janvier 2014

La Samaritaine : Laisser sa cruche !



Evangile de Jean 4. 27-42



           
            Nous nous sommes déjà entretenus deux fois de cette rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Sychar. Souvenez-vous de cette parole de Jésus à cette inconnue : "Donne-moi à boire !" En méditant ce texte, nous en avions conclu qu’avant de donner à boire au monde qui a soif, il valait mieux commencer par dire au Seigneur, comme cette femme, "Donne-moi toi-même d’abord l’eau vive dont j’ai besoin." De même dans une autre émission, à cette question : "Faut-il adorer sur le mont Garizim ou à Jérusalem ?" nous avions répondu que le vrai culte est avant tout d’adorer le Père en esprit et en vérité.

            Aujourd’hui je voudrais relever un geste de la Samaritaine, geste qui parle peut-être plus que toutes les paroles qu’elle a pu prononcer. Pourtant chacun de ses propos à Jésus nous a déjà fait découvrir la beauté et la grandeur de son âme. Elle a parlé avec son cœur dans une grande simplicité et très sincèrement. Elle a dévoilé ses besoins spirituels. Et voici qu’un seul geste va nous faire découvrir sa foi naissante, mais déjà profonde et bien vivante.

            Après un moment d'entretien, "La femme laissa donc sa cruche…" (Voir Évangile selon Jean, chapitre 4, versets 27 à 42). Pourquoi cela ? Que peut bien signifier cette attitude ? Pour une femme qui vient puiser de l’eau, c’est quelque chose d’inhabituel que de laisser son récipient au puits et de repartir les mains vides. Très souvent en Afrique j’ai vu des femmes se rendre à quelque distance d’un village pour chercher l’eau si nécessaire à la vie. Là-bas, on a l’habitude de porter toutes les charges sur la tête et on met l’eau dans de grands "canaris", des récipients de terre de forme presque ronde, ou alors de plus en plus fréquemment maintenant dans des seaux métalliques ou en plastic. Mais je n’ai jamais vu une femme, partie à la rivière ou au marigot, revenir sans sa précieuse provision.

            C’est pourquoi, ce geste insolite de la Samaritaine m’a intrigué et, en y réfléchissant, j’ai pensé qu’il y avait là matière à méditation et je voudrais vous en faire part simplement. Pourquoi cette femme a-t-elle laissé sa cruche ? J’y vois au moins trois réponses possibles.

            Tout d’abord, cette femme a une juste appréciation des valeurs. Notre monde est rempli de choses matérielles et de choses spirituelles. Notre être aussi a un extérieur et un intérieur et nos besoins sont autant matériels que spirituels. Mais qu’est-ce qui est le plus important ? Notre "homme extérieur", qui de jour en jour se détériore, comme le dit l’apôtre Paul ? Ou est-ce notre "homme intérieur" qui a la capacité de changer ? En fait, il y a dans notre existence des nécessités impérieuses. Il nous faut boire et manger, il nous faut nous protéger contre les intempéries, il nous faut travailler. Nous devons aussi laisser reposer notre corps et notre intellect. Ainsi nous prendrons des moments de détente, car il ne faut pas tourmenter sans raison ce corps que Dieu nous a donné.

            Cependant nous apprendrons à apprécier tout cela à sa juste valeur. Nous donnerons aux diverses occupations de notre vie le temps et la place qui leur reviennent selon leur importance. La Samaritaine nous donne un exemple. Elle est tellement prise par ce que Jésus lui a dit qu’elle en oublie presque la tâche qu’elle était venue accomplir. Il y a des affaires combien plus vitales qu’un peu d’eau, même dans un pays chaud ! Il y a quelque chose de plus urgent que son travail. Il y a des occasions qu’il ne faut pas rater. Il faut les saisir quand elles se présentent, faute de quoi on passe à côté de l’essentiel.

Chez cette femme les valeurs d'un monde invisible commencent à passer avant les valeurs physiques et concrètes. Elle en a une juste appréciation. Son repas, sa lessive, ses nettoyages, que sais-je encore, tout attendra. Il faut en premier lieu qu’elle tire le maximum de cet entretien qu’elle vient d’avoir avec cet homme qui est là devant elle, et dont elle perçoit de plus en plus la grandeur. Elle le considère comme si sympathique, si attirant, ce qu’il lui a dit a tellement bouleversé son cœur, et déjà sa vie, qu’elle veut profiter de tout ce qu’il lui a dit et surtout de sa présence. En effet, si elle laisse sa cruche, c’est pour revenir auprès de lui. Sa foi est déjà suffisamment avancée pour comprendre tous les bienfaits et tous les avantages d’une communication prioritaire avec le Sauveur.

            Et nous, chers amis ? Quelle leçon allons-nous apprendre ? Dans la vie actuelle, où même les loisirs entrent dans le programme hebdomadaire et préoccupent notre société, quelle place et quelle importance donnons-nous aux valeurs spirituelles ? Savons-nous "laisser notre cruche", nos soucis, nos travaux quotidiens, notre télé ? Qu’est-ce qu’un peu d’eau dans une cruche en regard de l’eau vive de notre Seigneur ? Lui-même, encore adolescent, avait délaissé le gros des pèlerins, et même ses parents, venus à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Trois jours plus tard, Joseph et Marie, qui l'ont cherché partout, le retrouvent dans le temple. Il est en train de s'instruire auprès de ceux qui détiennent les secrets de la loi. Sa mère, étonnée, l'interroge alors : "Mon enfant, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ?", il répond : "Ne savez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ?" (Luc 2. 49). Il nous faut ressembler à notre Seigneur bien-aimé.  Juste après le départ de la Samaritaine, il s'adressera ainsi à ses disciples : "J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas… Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’achever son œuvre" (vv 33-34). La Samaritaine ressemblait à son Maître.

            Elle veut aussi faire la volonté du Seigneur. C'est ainsi qu'on peut donner à son geste encore une autre signification : Laisser sa cruche témoigne de son désir d’obéir à Jésus. "Va, lui avait-il dit, appelle ton mari et reviens ici !" Mais comment obéir à un tel ordre ? "Je n’ai pas de mari." Quelle cruelle vérité ! Et pourtant il m’a dit de partir. Eh ! bien je m’en vais… Appeler mon mari ?... Ah ! oui, il sait que j’en ai eu cinq, plus mon compagnon de maintenant, ça fait six. Et si je les appelais tous les six ? Est-ce que je vais m’en sortir ? Après tout, il m’a dit d’aller. Et c’est là l’essentiel. On verra bien. Essayons de nous la représenter arrivant au village… A-t-elle crié, a-t-elle été de porte en porte, peu importe. Maintenant tout le village est au courant.

            Entendre les ordres du Seigneur, comprendre sa volonté n’est pas tellement difficile. Obéir, voilà qui l’est beaucoup plus. C’est ce qui nous coûte. Abraham entendit le Seigneur lui dire : "Va, quitte ton pays… " (Gen. 12 1)."Et Abraham partit, sans savoir où il allait…" nous dit l'épître aux Hébreux (11. 8). Voilà l’obéissance. Plus tard, quand Dieu lui demanda de sacrifier son fils sur la montagne, il partit encore par la foi, sans connaître les détails de la suite. Et Dieu a béni son obéissance jusqu’à l’infini.

            Le Seigneur Jésus lui-même a aussi obéi jusqu’au bout. Il y a même à son sujet une parole étonnante : "Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes" (Héb. 5. 8). Un psaume nous informe qu'en entrant dans le monde, le Messie peut dire : "Faire ta volonté, ô mon Dieu, me plaît !" (Ps. 40. 9). Nous savons que sa soumission l’a conduit jusqu’à la croix. Car obéir à celui qui l’avait envoyé, c'était aller jusqu'à donner sa vie pour le monde. Quel amour pour son Père ! Mais aussi quel amour pour nous ! En fait l’obéissance à Dieu révèle aussi notre amour pour lui. Quant à la Samaritaine, quitter le puits, quitter le personnage qu’elle vient de découvrir, laisser sa cruche, tout cela montre son obéissance, sa foi et déjà son amour.  

            Enfin je vois dans son geste un dernier enseignement pour nous ce matin. Revenons au texte du récit : "La femme, ayant laissé sa cruche, s’en alla dans la ville dire aux gens : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-ce pas le Christ ?" (v. 29). Elle a donc envie de parler de la rencontre extraordinaire qu’elle vient de faire. Elle désire rendre témoignage de sa découverte. Dans sa simplicité, elle est allée informer son entourage de ce qu’elle venait d’expérimenter, de ce qu’elle savait de Jésus, de ce qu’elle pensait de lui. Elle n’a pas attendu d’avoir plus de connaissance, d’avoir étudié la théologie, non ! Elle a laissé sa cruche pour s’adresser aux gens de son village. Elle les a tous invités à venir voir d’eux-mêmes, à venir à Jésus, le Messie. Et nous, qu’attendons-nous pour aller dire à ceux qui nous entourent : "Venez voir !" Pourquoi sommes-nous si timides pour parler de notre Sauveur, pour dire ce qu’il a fait pour nous.
           

            Que le Seigneur nous interpelle maintenant ! Un simple geste "La femme laissa donc sa cruche", mais quelles conséquences ! Quel résultat ! Quand Jésus voit tous les gens du village s’approcher de lui, il dit à ses disciples : "Levez les yeux et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson" (v. 35). Et quelle moisson ! On peut un peu rêver ce matin pour notre situation ici et maintenant. Mais il nous suffit d’un simple geste, d’un sacrifice. Laissons donc aussi notre cruche et mettons-nous en route ! Que le Seigneur nous y aide !

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