samedi 18 mai 2013

Les fêtes : PENTECÔTE

            La prière pour l’Esprit


"Le Père donnera du ciel le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11. 13)

Lectures : Livre du prophète Jérémie, chapitre 29, versets 11 à 14a
                        Épître de Paul aux Romains, chapitre 8, versets 31b à 34
                        Évangile selon  Luc, chapitre 11, versets 1 à 13

            Le texte cité en sous titre ci-dessus est la conclusion d'un ensemble d'enseignements sur la prière. Il vient juste après deux paraboles très claires qui nous aident à comprendre ce qui est à l'origine d'une requête, ce qui donne naissance à la prière.

            Voici un homme qui est dérangé au milieu de la nuit par l'un de ses amis. Il veut bien l'accueillir. Il veut bien le recevoir convenablement, faire quelque chose pour celui qui arrive à l'improviste, fatigué du voyage. Il cherche ce qu’il a sous la main. Mais rien, il n'a rien, même pas un morceau de pain. Comment témoigner de l'amitié sans un geste concret ? Comment rendre service quand on n'en a pas les moyens ?

            D'où sa démarche vers cet autre ami qui dort, sa porte fermée à clef. On imagine la scène : "Tu m'embêtes ! Ma porte est fermée. Mes enfants et moi, nous sommes couchés. Pas question que je me lève pour te donner quoi que ce soit." Pourtant, non par amitié, mais à cause du culot de son ami (le mot est très fort dans le texte original), il lui donne finalement tout ce dont il a besoin. Notez le changement des mots : il dit : Prête-moi, –> l'autre lui donne. Il dit encore : Trois pains, –> il obtient tout ce dont il a besoin. Parce qu'il a insisté, parce qu'il ne s'est pas arrêté au premier refus, parce qu'il a osé revenir à la charge. Il lui manquait juste trois pains pour être dépanné. Il était momentanément démuni. C'est donc ce manque ressenti, ce besoin, qui est à l'origine de sa requête.

            Dans la deuxième parabole, c'est aussi un besoin, tout simplement la faim qui pousse un enfant à s'adresser à son père. Parfois même il ne désire pas seulement un peu de pain vite avalé, mais une nourriture plus consistante, un poisson, un œuf. Voici les paroles de Jésus : "Quel père parmi vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera un caillou ? Ou s'il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d'un poisson ? Ou s'il lui demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner ce qui est bon à vos enfants, à combien plus forte raison, le Père donnera-t-il du ciel le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11. 11 à 13).

            Nous avons tous besoin du Saint-Esprit, justement quand nous voulons témoigner aux autres un peu d'amitié, par exemple. Nous sommes facilement dans un manque d'amour, un manque de paroles, un manque de secours. Vous savez bien que pour donner, il faut avoir reçu. Or, le Saint-Esprit peut nous combler de toutes sortes de richesses afin que nous puissions en faire profiter notre entourage.

            Nous avons besoin du Saint-Esprit pour notre vie spirituelle. Nous ne savons pas prier, le Saint-Esprit nous y aide. Nous n'avons pas encore pardonné à ceux qui nous ont offensés, le Saint-Esprit venant dans nos cœurs nous donne la capacité de pardonner et d'aimer de l'amour de Dieu. Nous sommes parfois soumis à la tentation, le Saint-Esprit est un Esprit de force qui nous donne la victoire. Nous nous sommes rendus coupables de quelque tort, de quelque faute secrète, le Saint-Esprit, notre Défenseur, saura intercéder auprès du Père pour notre acquittement et pour nous donner l'assurance de sa grâce et de son pardon.

Il se peut aussi que nous connaissions des circonstances difficiles à cause de notre santé. Nous pouvons rencontrer des difficultés dans nos relations familiales ou dans notre travail. Le Saint-Esprit nous réconforte et nous encourage. Parfois nous nous trouvons devant un choix, une décision qui va nous engager pour quelque temps ou au contraire pour toute la vie. Le Saint-Esprit nous conseille et nous donne discernement et sagesse. Parfois encore nous traversons une période de blues, de déprime ou de tristesse. Le Saint-Esprit, Dieu Consolateur, nous redonne le moral et nous remplit de joie. Dans toutes ces situations, il faudrait être bien orgueilleux pour ne pas reconnaître combien il est important de nous adresser au Seigneur qui viendra en nous-mêmes combler nos insuffisances.

            Car c'est une certitude, Dieu est bon, il exauce nos prières. "Ceux qui me cherchent me trouvent," peut-il dire comme Dame Sagesse dans le livre des Proverbes (8. 17), Il est celui qui ouvre à quiconque frappe. Il est celui qui répond à quiconque demande. Il nous accordera donc les bonnes choses qu’il a en réserve pour nous, selon le texte parallèle de Matthieu. Et parmi ce qui est bon, le Saint-Esprit est le plus important.

L'enseignement de Jésus dans les deux paraboles qu'il nous donne fait appel à l'argument "a fortiori", "à combien plus forte raison". L'homme dérangé dans son lit à un sale caractère. De plus son ami l'a mis de mauvaise humeur, mais il donne. Combien plus notre Père céleste ! Il se laisse toujours déranger. "Il ne sommeille ni ne dort" (Ps. 121. 4). Cent fois, mille fois, vous pouvez avoir recours à lui. Et même si la première fois, sa réponse se fait attendre, il a pourtant entendu. A vous de persévérer, de faire preuve de hardiesse. Vous ne l'importunerez jamais. Il est un Ami bien meilleur que le meilleur de vos amis, et il est de tout autre nature.

Second argument "a fortiori" : nous parents, nous ne sommes pas bons par nature, dit Jésus, et pourtant nous répondons aux demandes de nos enfants. Combien plus notre Père céleste ! De lui "descendent du ciel toute grâce excellente et tout don parfait" (Jac. 1. 17) Et le Saint-Esprit fait partie de ces grâces et de ces dons. Il est prêt à le donner à quiconque le lui demande. D'ailleurs, il a fait la démonstration de sa volonté de donner, quand, par amour pour le monde, il nous a donné son Fils unique. Et, comme nous l'avons lu tout à  l'heure, "Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qu'il l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas toutes choses avec lui ?" (Rom. 8. 32).

Avant de conclure, il me reste un point à éclaircir. Dans quelle mesure le chrétien, qui a déjà le Saint-Esprit, doit-il encore le demander ? En effet, comme l’apôtre Paul l'a écrit, "Personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur, si ce n'est par l'Esprit saint" (I Cor. 12. 3). Alors la parole de Jésus ne serait-elle pas pour nous qui confessons le Christ ? Si, bien sûr, cette parole s'adresse aussi à nous tous qui avons cru. Car il nous faut expérimenter cette plénitude, ce supplément de grâce dont nous avons tant besoin.

Et je voudrais relever dans les paroles de Jésus deux indices qui vont dans ce sens. D'abord les termes "ceux qui demandent" sont une forme verbale au présent. Mais les grammairiens préciseraient qu'il s'agit d'un présent d'habitude ou de répétition. N'ayons donc pas peur de "répéter" nos requêtes, de persévérer.

Le deuxième indice est donné par la deuxième parabole de Jésus : le fils qui demande à manger à son père peut très bien le faire chaque jour et même plusieurs fois par jour, chaque fois qu'il ressent la faim. Comme je le disais tout à l'heure, chaque fois qu'il y a besoin, qu'il y a manque, n'ayons pas peur de prier, de demander, de formuler une requête.

J'avais un ami qui conduisait les TGV. Maintenant il est auprès du Seigneur. Un jour que sa motrice était en gare de Valence, il nous en a fait visiter la cabine avec son tableau de commandes et toutes ses manettes, tous ses boutons, tous ses cadrans… Et alors que nous parlions, je ne sais plus pourquoi, des retards que les trains peuvent avoir quelquefois, il nous a dit une chose intéressante. Tout au long de la ligne, on indique au mécanicien la vitesse à laquelle il doit rouler. Mais parfois il n'arrive pas à donner à la rame la vitesse indiquée, parce que la tension a baissé dans le réseau. Il a beau faire, mais Electricité de France ne fournit pas la puissance nécessaire. D'où le retard. Pourtant le courant passe, le pantographe est bien en contact avec la caténaire, mais le fournisseur est défaillant. La motrice est bien branchée, mais il lui manque du courant. Ma comparaison est bien insuffisante, car il ne s’agit rien moins que la personne du Saint-Esprit.

Mais, quant à nous, soyons absolument sûrs que notre bon Père céleste n'est jamais défaillant. "Celui qui nous fournit l'Esprit" (Gal. 3. 5, encore un présent de répétition), lui ne défaille jamais, il ne manque pas à sa bienveillance. Il nous accordera le Saint-Esprit demandé, pas forcément d'une manière spectaculaire, comme au jour de la Pentecôte, pas forcément comme une "seconde bénédiction", comme certains la recherchent, mais comme une expérience sans cesse renouvelée, aussi souvent que nous en avons besoin, aussi souvent que nous le lui demandons. Comme il l'a promis, Dieu "donne à tous généreusement et sans reproche" (Jac.1. 5).

 Alors adressons-nous à lui en toute confiance et dans une grande simplicité.

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