La prière pour l’Esprit
"Le
Père donnera du ciel le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11. 13)
Lectures : Livre du prophète Jérémie, chapitre 29, versets 11 à 14a
Épître
de Paul aux Romains, chapitre 8, versets 31b à 34Évangile selon Luc, chapitre 11, versets 1 à 13
Le texte
cité en sous titre ci-dessus est la conclusion d'un ensemble d'enseignements
sur la prière. Il vient juste après deux paraboles très claires qui nous aident
à comprendre ce qui est à l'origine d'une requête, ce qui donne naissance à la
prière.
Voici un homme qui est dérangé au milieu de la nuit par
l'un de ses amis. Il veut bien l'accueillir. Il veut bien le recevoir
convenablement, faire quelque chose pour celui qui arrive à l'improviste,
fatigué du voyage. Il cherche ce qu’il a sous la main. Mais rien, il n'a rien,
même pas un morceau de pain. Comment témoigner de l'amitié sans un geste
concret ? Comment rendre service quand on n'en a pas les moyens ?
D'où sa démarche vers cet autre ami qui dort, sa porte
fermée à clef. On imagine la scène : "Tu m'embêtes ! Ma porte est fermée.
Mes enfants et moi, nous sommes couchés. Pas question que je me lève pour te
donner quoi que ce soit." Pourtant, non par amitié, mais à cause du culot de
son ami (le mot est très fort dans le texte original), il lui donne finalement
tout ce dont il a besoin. Notez le changement des mots : il dit : Prête-moi,
–> l'autre lui donne. Il dit encore : Trois pains, –> il obtient
tout ce dont il a besoin. Parce qu'il a insisté, parce qu'il ne s'est pas
arrêté au premier refus, parce qu'il a osé revenir à la charge. Il lui manquait
juste trois pains pour être dépanné. Il était momentanément démuni. C'est donc
ce manque ressenti, ce besoin, qui est à l'origine de sa requête.
Dans la deuxième parabole, c'est aussi un besoin, tout
simplement la faim qui pousse un enfant à s'adresser à son père. Parfois même il
ne désire pas seulement un peu de pain vite avalé, mais une nourriture plus
consistante, un poisson, un œuf. Voici les paroles de Jésus : "Quel père parmi vous, si son fils lui
demande du pain, lui donnera un caillou ? Ou s'il lui demande du poisson, lui
donnera-t-il un serpent au lieu d'un poisson ? Ou s'il lui demande un œuf, lui
donnera-t-il un scorpion ? Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner ce
qui est bon à vos enfants, à combien plus forte raison, le Père donnera-t-il du
ciel le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11. 11 à 13).
Nous avons tous besoin du Saint-Esprit, justement quand
nous voulons témoigner aux autres un peu d'amitié, par exemple. Nous sommes
facilement dans un manque d'amour, un manque de paroles, un manque de secours.
Vous savez bien que pour donner, il faut avoir reçu. Or, le Saint-Esprit peut
nous combler de toutes sortes de richesses afin que nous puissions en faire
profiter notre entourage.
Nous avons besoin du Saint-Esprit pour notre vie
spirituelle. Nous ne savons pas prier, le Saint-Esprit nous y aide. Nous
n'avons pas encore pardonné à ceux qui nous ont offensés, le Saint-Esprit
venant dans nos cœurs nous donne la capacité de pardonner et d'aimer de l'amour
de Dieu. Nous sommes parfois soumis à la tentation, le Saint-Esprit est un
Esprit de force qui nous donne la victoire. Nous nous sommes rendus coupables
de quelque tort, de quelque faute secrète, le Saint-Esprit, notre Défenseur,
saura intercéder auprès du Père pour notre acquittement et pour nous donner
l'assurance de sa grâce et de son pardon.
Il se
peut aussi que nous connaissions des circonstances difficiles à cause de notre
santé. Nous pouvons rencontrer des difficultés dans nos relations familiales ou
dans notre travail. Le Saint-Esprit nous réconforte et nous encourage. Parfois
nous nous trouvons devant un choix, une décision qui va nous engager pour
quelque temps ou au contraire pour toute la vie. Le Saint-Esprit nous conseille
et nous donne discernement et sagesse. Parfois encore nous traversons une
période de blues, de déprime ou de tristesse. Le Saint-Esprit, Dieu
Consolateur, nous redonne le moral et nous remplit de joie. Dans toutes ces
situations, il faudrait être bien orgueilleux pour ne pas reconnaître combien
il est important de nous adresser au Seigneur qui viendra en nous-mêmes combler
nos insuffisances.
Car c'est une certitude, Dieu est bon, il exauce nos
prières. "Ceux qui me cherchent me trouvent," peut-il dire comme Dame Sagesse dans
le livre des Proverbes (8. 17), Il est celui qui ouvre à quiconque frappe. Il
est celui qui répond à quiconque demande. Il nous accordera donc les bonnes
choses qu’il a en réserve pour nous, selon le texte parallèle de Matthieu. Et
parmi ce qui est bon, le Saint-Esprit est le plus important.
L'enseignement
de Jésus dans les deux paraboles qu'il nous donne fait appel à l'argument
"a fortiori", "à combien plus forte raison". L'homme
dérangé dans son lit à un sale caractère. De plus son ami l'a mis de mauvaise
humeur, mais il donne. Combien plus notre Père céleste ! Il se laisse toujours
déranger. "Il ne sommeille ni ne dort" (Ps. 121. 4). Cent
fois, mille fois, vous pouvez avoir recours à lui. Et même si la première fois,
sa réponse se fait attendre, il a pourtant entendu. A vous de persévérer, de
faire preuve de hardiesse. Vous ne l'importunerez jamais. Il est un Ami bien
meilleur que le meilleur de vos amis, et il est de tout autre nature.
Second
argument "a fortiori" : nous parents, nous ne sommes pas bons
par nature, dit Jésus, et pourtant nous répondons aux demandes de nos enfants.
Combien plus notre Père céleste ! De lui "descendent du ciel toute grâce
excellente et tout don parfait"
(Jac. 1. 17) Et le Saint-Esprit fait partie de ces grâces et de ces dons. Il
est prêt à le donner à quiconque le lui demande. D'ailleurs, il a fait la
démonstration de sa volonté de donner, quand, par amour pour le monde, il nous
a donné son Fils unique. Et, comme nous l'avons lu tout à l'heure, "Lui qui n'a pas épargné son
propre Fils, mais qu'il l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-il
pas toutes choses avec lui ?"
(Rom. 8. 32).
Avant de
conclure, il me reste un point à éclaircir. Dans quelle mesure le chrétien, qui
a déjà le Saint-Esprit, doit-il encore le demander ? En effet, comme l’apôtre
Paul l'a écrit, "Personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur, si ce
n'est par l'Esprit saint" (I
Cor. 12. 3). Alors la parole de Jésus ne serait-elle pas pour nous qui
confessons le Christ ? Si, bien sûr, cette parole s'adresse aussi à nous tous
qui avons cru. Car il nous faut expérimenter cette plénitude, ce supplément de
grâce dont nous avons tant besoin.
Et je voudrais
relever dans les paroles de Jésus deux indices qui vont dans ce sens. D'abord
les termes "ceux qui
demandent" sont une forme verbale au présent. Mais les grammairiens
préciseraient qu'il s'agit d'un présent d'habitude ou de répétition. N'ayons
donc pas peur de "répéter" nos requêtes, de persévérer.
Le
deuxième indice est donné par la deuxième parabole de Jésus : le fils qui
demande à manger à son père peut très bien le faire chaque jour et même
plusieurs fois par jour, chaque fois qu'il ressent la faim. Comme je le disais
tout à l'heure, chaque fois qu'il y a besoin, qu'il y a manque, n'ayons pas
peur de prier, de demander, de formuler une requête.
J'avais
un ami qui conduisait les TGV. Maintenant il est auprès du Seigneur. Un jour
que sa motrice était en gare de Valence, il nous en a fait visiter la cabine
avec son tableau de commandes et toutes ses manettes, tous ses boutons, tous
ses cadrans… Et alors que nous parlions, je ne sais plus pourquoi, des retards
que les trains peuvent avoir quelquefois, il nous a dit une chose intéressante.
Tout au long de la ligne, on indique au mécanicien la vitesse à laquelle il
doit rouler. Mais parfois il n'arrive pas à donner à la rame la vitesse
indiquée, parce que la tension a baissé dans le réseau. Il a beau faire, mais
Electricité de France ne fournit pas la puissance nécessaire. D'où le retard.
Pourtant le courant passe, le pantographe est bien en contact avec la
caténaire, mais le fournisseur est défaillant. La motrice est bien branchée,
mais il lui manque du courant. Ma comparaison est bien insuffisante, car il ne
s’agit rien moins que la personne du Saint-Esprit.
Mais,
quant à nous, soyons absolument sûrs que notre bon Père céleste n'est jamais
défaillant. "Celui qui nous fournit l'Esprit" (Gal. 3. 5, encore un présent de
répétition), lui ne défaille jamais, il ne manque pas à sa bienveillance. Il
nous accordera le Saint-Esprit demandé, pas forcément d'une manière
spectaculaire, comme au jour de la Pentecôte, pas forcément comme une
"seconde bénédiction", comme certains la recherchent, mais comme une
expérience sans cesse renouvelée, aussi souvent que nous en avons besoin, aussi
souvent que nous le lui demandons. Comme il l'a promis, Dieu "donne à
tous généreusement et sans reproche" (Jac.1. 5).
Alors adressons-nous à lui en toute confiance
et dans une grande simplicité.
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