vendredi 22 mars 2013

Les fêtes :VENDREDI-SAINT


          Les deux larrons


Lectures : Psaume 22, versets 1 et 13 à 22 
            Deuxième épître de Paul aux Corinthiens, du chapitre 5, verset 19 au chapitre 6, verset 2
            Évangile selon Luc, chapitre 23, versets 13 à 43

            On connaît l'histoire de ces deux compagnons d'infortune de notre Seigneur en croix, les deux brigands. L'un de mes amis a donné à un message sur ce sujet le titre plus actuel : "Un terroriste repenti". Il pense qu'on aurait pu condamner ces deux crucifiés à la peine capitale pour les mêmes raisons que Barrabas incarcéré, lui, pour une action politique violente et une émeute survenue dans la ville et ayant entraîné la mort d'hommes. Pilate, représentant le pouvoir romain, n'en était pas à ses premières crucifixions. En fait l'Ecriture emploie plusieurs termes pour désigner ces deux hommes : bandits, comme pour Barrabas, meurtriers ou voleurs, des gens nuisibles à la société, malfaiteurs, ou scélérats, ou criminels, comme l'a dit Jésus en parlant de lui-même et de sa mort, citant le prophète Esaïe : "Il sera compté parmi les malfaiteurs" (Luc 22. 37).

            Voilà deux personnages qui voient Jésus de près, qui assistent à son agonie et qui vont avoir deux comportements complètement différents. Leurs deux attitudes face à la croix et à la personne de Christ va déterminer leur sort éternel. Ce qu'ils vivent dans ces quelques minutes avant leur mort est bien symptomatique de ce que vivent les gens d'aujourd'hui. C'est pourquoi je vous propose d'en faire l'analyse.

            Deux traits dominent chez le premier, celui que je place à gauche de Jésus. D'abord, il ne diffère pas du grand nombre. Il est semblable aux nombreux passants qui se moquent de Jésus. Il entend monter, des auteurs comme des spectateurs de ce drame, insultes, injures, invectives, injustices et insolences. Il se mêle à eux. On méprise le Fils de Dieu, on ne fait que blasphémer, se moquer et parler mal de lui. Lui pareillement. Il imite la foule. Il ne s'en distingue pas. L'autre crucifié, pareillement, pour commencer. En effet les Evangiles de Matthieu et de Marc nous relatent que les deux brigands se joignaient au concert d'attaques et de propos malveillants de tous. Seul l'Evangile de Luc va nous raconter le changement de celui qu'on appelle le bon larron. Nous allons y revenir.

            Aujourd'hui encore, on rencontre dans le monde l'esprit de masse. On a parlé de psychologie des foules, de leurs passions, de leur unité mentale. Il est parfois très difficile de s'en dégager. On peut avoir du mal à se soustraire au conformisme environnant, à l'emprise d'une pensée uniforme. Il est difficile de ne pas suivre la mode du moment, pas seulement dans la tenue ou les vêtements. Il est souvent très dur de se libérer de l'ambiance des potes, de leur exemple, de leurs comportements, de leurs habitudes, voire de leurs conseils.

            Deuxième caractéristique du crucifié de gauche : il n'a en tête que son avantage personnel. C'est vrai qu'il répète les paroles de tout le monde. Les grands prêtres, les scribes, les chefs ricanent entre eux et disent: " Il en a sauvé d'autres, qu'il se sauve lui-même !"  Les passants, les soldats interpellent Jésus : "Sauve-toi toi-même !"     Et lui de reprendre : "N'est-tu pas le Christ ?  Sauve-toi toi--même !" Mais il ajoute "Et nous avec !" Il n'a aucun sentiment d'avoir mal agi. Il n'assume pas les conséquences de ses actes. Sa condamnation ne le fait pas réfléchir. Crucifié avec deux autres sur cette colline de Golgotha, il ne cherche pas à comprendre ce qui s'y passe. Son proche voisin est juste bon pour servir à ses fins. Savoir qui il est vraiment ne l'intéresse pas. Il n'a pas l'air d'écouter ce qu'il dit. Son incrédulité ferme son cœur. Sa conscience est muette. Il ne pense qu'au moyen de se sortir d'une situation qu'il a pourtant lui-même engendrée et pour laquelle il est condamné. Il n'a en tête que ce qu'il pourrait gagner ici, sur la terre. Retrouver sa liberté, voilà son envie. Mais pour faire quoi ? Recommencer ses crimes ? Peut-être...     

            Quelle différence avec le crucifié que je place à la droite de Jésus ! Celui-là n'est pas insensible à tout ce qui se passe près de lui. Il est frappé par la douceur du crucifié central, par la docilité avec laquelle il s'est laissé conduire au supplice. Quand il entend monter de ses lèvres la prière qu'il prononce pour ses bourreaux "Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font" (v. 34), son cœur est saisi, sa conscience est touchée. Plus encore, le titre de Père que Jésus donne à Dieu lui fait penser à un être qui vit dans une relation intime avec le Seigneur et dont il entrevoit la grandeur divine.

            Face à l'innocence et à l'excellence du Christ, il a tout à coup le sens de sa propre misère. Il prend conscience de son propre péché. Et, tandis que l'autre continue ses vociférations, il le reprend et s'essouffle pour lui dire : "Ne crains-tu même pas Dieu, toi qui subis la même sentence ? Pour nous ce n'est que juste, car c'est ce que nous méritons, suite à ce que nous avons fait. Mais celui-ci n'a rien fait d'incorrect" (vers. 40-41). Aurait-il compris profondément la raison de la mort du Nazaréen ? S'il ne meurt pas pour ses propres méfaits, alors pourquoi expire-t-il comme les autres condamnés ? Pourquoi subit-il une peine qu'il n'a pas méritée ? "Ne serait-ce pas, pense-t-il, qu'il est en train de mourir pour moi, pour expier mon péché et, comme l'a dit le prophète Esaïe, qu'il est transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes (Es. 53. 5) ?"

            Il arrête alors ses yeux sur la croix centrale et sur cette pancarte qu'on avait fixée sur l'ordre de Pilate : "Yechoua, Yesou, Jésus... Roi..." Mais "les yeux aigus et clairvoyants de l'entendement" selon l'expression de Jean Calvin, les yeux de son cœur, traduisent immédiatement :  "Yechoua, le Seigneur sauve."  C'est le sens même de ce nom. Roi. Ah ! Bon ? Il règne, il va régner, il régnera. Tout n'est pas fini. La mort de Christ n'est pas la fin. Sa propre mort non plus. Il y a un espoir. Il se dresse alors sur ses jambes douloureuses afin d'avoir assez de souffle. Et péniblement il l'invoque : "Yechoua, Jésus, souviens-toi de moi alors que tu vas entrer dans ton règne !" (v. 42). Ces quelques mots témoignent d'un changement radical et profond chez ce malfaiteur. En même temps ils me touchent énormément : un mourant osant s'adresser ainsi à un autre Mourant ! Quelle scène étrange !

            Mais c'est qu'il y a un espoir pour le premier. Ce repenti croit à la miséricorde et à la puissance de ce Roi souffrant. Il croit à la vraie royauté de Jésus, bien qu'elle soit invisible à ses sens et que les circonstances y soient si contraires. Il est en train de perdre la vie, mais il croit à la Vie, une vie qu'il va retrouver à côté de Jésus. Il va mourir avec Christ, mais revivre avec lui. On a vu qu'il avait le sens  exact de la justice. On comprend maintenant qu'il a aussi le sens de la grâce. parce qu'il a la compréhension profonde du sens de la Croix et il s'attend à la résurrection.

            La réponse admirable de Jésus est immédiate : "C'est la vérité que je te dis : Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le paradis !" (v. 43). Le paradis, ce mot d'origine persane signifie jardin, parc planté d'arbres. C'est une référence claire au jardin d'Eden rempli d'arbres de toutes sortes, dont, au milieu, l'arbre de vie. Dieu y avait placé Adam et Eve qui y jouissaient d'une communion parfaite avec lui. On connaît la suite. Malheureusement ils sont passés à côté de la vie. A cause de leur incrédulité et de leur désobéissance, ils ont été chassés de ce lieu de bonheur.

            Mais à la croix, par la croix, par le sacrifice de Jésus, l'entrée du paradis est ouverte à nouveau. Et, solennellement, un condamné à mort en reçoit le premier la bonne nouvelle : "Aujourd'hui, tu seras dans le paradis !" Quel beau jour pour ce hors-la-loi ! En quelques minutes, il passe de l'état le plus bas à la condition la plus élevée. Le matin, condamné par un tribunal humain, le soir acquitté par le tribunal céleste et accepté dans la présence même du Sauveur : "avec moi". Il est un autre homme. Le malfrat devient enfant de Dieu, le délinquant héritier du ciel. Louons l'amour, la bienveillance et la grâce du Seigneur !

            Avant de conclure, je soulève deux questions qui parfois traversent notre esprit. Est-il possible aujourd'hui encore de changer radicalement d'attitude en quelques instants ? Oui, bien sûr. Il suffit d'écouter Jésus et de croire ses paroles. Vous qui ne l'avez pas encore fait, dites-lui maintenant : "Souviens-toi de moi !" Il vous répondra : "Ce que j'ai fait pour ce condamné, je le fais pour tous ceux qui m'invoquent. Le paradis, c'est aussi pour toi !" Alors, n'attendez plus. N'attendez pas la dernière minute !

            Oui, mais justement, vous dites peut-être, et c'est la seconde question : "Dieu est si bon, ne croyez-vous pas qu'il m'acceptera,  même au dernier moment, comme il l'a fait pour cet homme ? Je n'ai pas besoin de penser à cela maintenant. J'ai tout le temps..." Pourtant, cher ami, vous ne savez rien de l'avenir. Croyez-vous qu'une autre occasion se trouvera ? Et si brusquement votre âme vous était redemandée, comme à l'homme de la parabole ? N'écoutez pas Michel Polnareff. On n'ira pas "tous au paradis." Décidez maintenant de faire appel à Jésus-Christ. Décidez maintenant de lui faire confiance et il vous acceptera dans sa présence.

            Nos amis anglophones disent "Let not despair ! Let not presume ! Ne désespère pas ! Ne te leurre pas. Et comme nous l'avons lu tout à l'heure, l'apôtre Paul a écrit : "Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut" (II Cor. 6. 2). C'est pourquoi, à l'instant, tu peux bénéficier de l'amour de Dieu et être sauvé. Alléluia !
            

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