vendredi 30 novembre 2012

Les fêtes L'AVENT IV


"Je suis la servante du Seigneur" (Luc 1. 38)


Marie, servante du Seigneur


Lectures : Premier livre de Samuel, chapitre 2, versets 1 à 10                                                   Épître de Paul aux Galates, chapitre 4, versets 3 à 7                                                 Évangile selon Luc, chapitre 1, versets 26 à 56 


          Quand vous descendez sur Marseille, de loin déjà, puis presque de toute la ville, vous apercevez la basilique de Notre Dame de la Garde (la bonne Mère). Si vous pouviez voir la statue de la vierge de près, vous apercevriez, posée sur sa tète, une couronne d'un certain poids et recouverte d'or. On est loin du portrait de Marie que donne l'Ecriture.

         Quand l'ange lui annonce sa maternité miraculeuse, Marie répond : "Je suis la servante du Seigneur !" (v. 38). Ces mots sont chargés de sens et révèlent le caractère de cette jeune femme, de même que le cantique qu'elle compose à l'occasion de sa visite chez sa cousine Elisabeth. Je vous propose ce matin de relever quatre traits de caractère de cette servante particulière et d'en tirer chaque fois un enseignement pour nous. 

Tout de suite on est frappé par son humilité : "Le Seigneur a jeté les yeux sur l'humble condition de sa servante" (v. 48). L'humilité, c'est la position de ceux qui veulent s'abaisser devant Dieu et qui, pour cela, désirent absolument le louer, l'exalter, le magnifier. C'est pourquoi Marie exulte : "Magnificat, mon âme magnifie, exalte le Seigneur." Ces mots expriment le sentiment de celle qui veut n'être rien en face de ce grand Dieu qu'elle adore.  

         L'humilité, c'est aussi l'attitude de ceux qui ont la "crainte" du Seigneur, dans le sens de le respecter, de vouloir l'honorer. "Son nom est saint", dit la mère de Jésus. Aujourd'hui où trouve-t-on la crainte, le saint respect de Dieu ? Je pense que l'une des caractéristiques de notre époque actuelle, c'est de ne plus avoir la crainte de personne, ni des parents, ni des autorités, ni de ceux qui les représentent. Mais surtout on n'a pas de crainte de Dieu. Elle est pourtant le fondement de l'humilité et c'est l'état d'esprit qui plaît au Seigneur, comme Saint Pierre l'a écrit dans sa première épître, au verset 5 : "Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles."  

         Cette grâce, justement, Marie l'a reçue. Comme nous, comme tous les humains, elle n'était pas sans péché ni sans tache. Comme nous, comme tous les humains, elle avait besoin de la grâce de Dieu pour être sauvée. Et elle a connu le salut, parce qu'elle a été petite à ses propres yeux. C'est pourquoi elle entend cette salutation étrange, venant de l'ange annonciateur : "Je te salue, toi à qui une grâce a été faite" (v. 28). En fait, elle loue Dieu comme son Sauveur et elle chante, reprenant les paroles d'une autre femme illustre, Anne, la mère du prophète Samuel : "Il a dispersé ceux qui avaient des pensées orgueilleuses, il a renversé les puissants de leurs trônes, il a élevé les humbles" (Lc 1. 51-52). Marie a été une servante humble. 

         Si vous ne connaissez pas l'humilité, votre vie spirituelle n'avancera pas. Vous ne serez jamais de bonnes servantes, de bons serviteurs du Seigneur, si l'orgueil ou l'orgueil spirituel remplit votre cœur. Et si quelqu'un n'a pas encore reçu la grâce, c'est peut-être parce qu'il n'a pas fait comme le publicain de la parabole, qui n'osait même pas lever les yeux au ciel et qui priait ainsi, en se frappant la poitrine : "O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis un pécheur !" (Luc 18. 13). Nous avons besoin d'apprendre les leçons de Marie, nous avons besoin d'apprendre l'humilité. 

         De même, nous avons besoin d'imiter la foi de Marie. "Je suis la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait selon ta parole" (v. 38). Et retenons aussi ce que lui dit Elisabeth, lors de sa visite chez elle : "Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur" (v. 45). Marie s'est appuyée simplement sur les paroles prononcées par l'ange de la part de Dieu. Quel contraste avec la réaction de Zacharie lorsque le même ange Gabriel lui a annoncé la naissance d'un fils, alors que sa femme ne pouvait pas avoir d'enfant. Le vieux sacrificateur, plein de doute, se met à discuter avec Dieu : "A quoi reconnaîtrai-je cela ? Je suis vieux ainsi que ma femme" (v. 18). Comme si le Seigneur ne le savait pas ! 

         Au contraire, Marie croit Dieu, aussi invraisemblable que lui paraisse la parole du messager de Dieu. Peut-être se remémore-t-elle ce que le prophète a annoncé des siècles auparavant : "Le Seigneur vous donnera un signe : voici, la vierge sera enceinte" (Es. 7. 14). Marie n'a aucun doute. Elle fait confiance à Dieu. Elle est persuadée que "rien ne lui est impossible", comme vient de le lui rappeler l'ange. 

         Combien de gens aujourd'hui butent sur la naissance virginale de Jésus ! Comme ils sont aussi scandalisés par la croix, comme ils n'admettent pas la résurrection.  Combien d'incrédules, même parmi ceux qui portent le nom de chrétiens ! Combien de sages, de savants qui nous qualifient de fous, quand ce n'est pas de primaires, d'obscurantistes, nous qui croyons, comme Marie, que le Sauveur est né sans l'intervention d'un homme ! Mais peut-être est-ce bien dans la difficulté que l'on reconnaît la vraie foi, celle qui ne limite ni la puissance, ni l'amour de Dieu. 

         Remarquez que Marie, en entendant la déclaration de l'ange, réagit tout de suite et pose une question pour éclairer sa foi. Elle veut avoir une explication. Elle est curieuse et je qualifierais sa foi d'intelligente, de réfléchie, puisqu'elle demande à l'ange : "De quelle manière, cela se produira-t-il, puisque je n'ai pas de relations avec un homme ?" (v. 34). Ne nous imaginons pas que notre foi nous dispense de réfléchir, ou de raisonner, bref, de nous poser des questions. Mais l'essentiel, l'indispensable, c'est de rester dans cette confiance absolue à la parole de Dieu. "Je suis la servante du Seigneur." 

         A l'humilité et à la foi, j'ajouterai encore la soumission comme une autre qualité de la servante du Seigneur. Marie ne résiste pas à Dieu. Elle accepte sa volonté. Elle est d'accord d'entrer dans le plan de Dieu. Sa foi se traduit par l'obéissance, par le don de soi. Elle donne son corps, elle sacrifie son honneur, elle prend le risque d'être renvoyée par son fiancé, d'être montrée du doigt, sinon même d'être condamnée par son peuple. Parce qu'elle veut accomplir la Parole de Dieu. Vous ne pouvez jamais faire la volonté de Dieu en restant votre propre maître. Il vous faut, comme Marie, savoir être docile, vis-à-vis du Seigneur. Il vous faut savoir sacrifier ce que vous êtes, votre volonté, vos pensées, vos projets égoïstes. Il vous faut savoir discerner la volonté de Dieu et vous y plier. L'obéissance, la soumission d’une servante, d’un serviteur du Seigneur, sont des qualités essentielles. Quand elles existent, elles peuvent avoir des conséquences insoupçonnées : Pensez à l'ère nouvelle inaugurée par la naissance de Jésus. 

         Enfin disons que le service de Marie veut se faire dans la joie : "Mon esprit s'est rempli d'allégresse en Dieu, mon Sauveur" (v. 47). L'allégresse, voilà un terme bien biblique. Déjà le psalmiste ordonnait : "Servez le Seigneur dans l'allégresse, allez à lui avec des chants de joie" (Ps. 100. 2). "Heureuse celle qui a cru !" dit Elisabeth. La joie, tout l'évangile de Luc est sous ce signe. La joie, c'est ce que le Seigneur met dans le cœur de celui qui veut le servir comme Marie. 

         Voulez-vous, comme elle, devenir servante, serviteur du Seigneur ? Alors demandez-lui les qualités de la jeune vierge de Bethléhem, l'humilité, la foi, la soumission, sans oublier la joie. Myriam, le nom hébreu de Marie, signifie rebelle, obstinée. Mais la voici qui devient l'humble et docile servante du Seigneur parce qu'elle s'est donnée tout entière à lui. De même, laissez-le vous transformer à l'image de Celui que Marie a porté en son sein. "Je suis la servante, on pourrait traduire : l'esclave du Seigneur". Cependant Dieu ne l'appellera pas esclave, ni ne la traitera ainsi. Mais elle sera pour lui une authentique fille de Dieu.

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