"Je suis la servante du Seigneur" (Luc 1. 38)
Marie, servante du Seigneur
Lectures : Premier livre de Samuel, chapitre 2, versets 1 à 10 Épître de Paul aux Galates, chapitre 4, versets 3 à 7 Évangile selon Luc, chapitre 1, versets 26 à 56
Quand vous descendez sur Marseille, de loin déjà, puis
presque de toute la ville, vous apercevez la basilique de Notre Dame de la
Garde (la bonne Mère). Si vous pouviez voir la statue de la vierge de près,
vous apercevriez, posée sur sa tète, une couronne d'un certain poids et
recouverte d'or. On est loin du portrait de Marie que donne l'Ecriture.
Quand l'ange lui annonce sa maternité miraculeuse, Marie
répond : "Je suis la servante du
Seigneur !" (v. 38). Ces mots sont chargés de sens et révèlent le
caractère de cette jeune femme, de même que le cantique qu'elle compose à
l'occasion de sa visite chez sa cousine Elisabeth. Je vous propose ce matin de
relever quatre traits de caractère de cette servante particulière et d'en tirer
chaque fois un enseignement pour nous.
Tout
de suite on est frappé par son humilité : "Le Seigneur a jeté les yeux sur l'humble condition de sa
servante" (v. 48). L'humilité, c'est la position de ceux qui veulent
s'abaisser devant Dieu et qui, pour cela, désirent absolument le louer,
l'exalter, le magnifier. C'est pourquoi Marie exulte : "Magnificat, mon âme magnifie, exalte le Seigneur." Ces
mots expriment le sentiment de celle qui veut n'être rien en face de ce grand
Dieu qu'elle adore.
L'humilité, c'est aussi l'attitude de ceux qui ont la
"crainte" du Seigneur, dans le sens de le respecter, de vouloir
l'honorer. "Son nom est saint",
dit la mère de Jésus. Aujourd'hui où trouve-t-on la crainte, le saint respect
de Dieu ? Je pense que l'une des caractéristiques de notre époque actuelle,
c'est de ne plus avoir la crainte de personne, ni des parents, ni des
autorités, ni de ceux qui les représentent. Mais surtout on n'a pas de crainte
de Dieu. Elle est pourtant le fondement de l'humilité et c'est l'état d'esprit
qui plaît au Seigneur, comme Saint Pierre l'a écrit dans sa première épître, au
verset 5 : "Dieu résiste aux
orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles."
Cette grâce, justement, Marie l'a reçue. Comme nous, comme
tous les humains, elle n'était pas sans péché ni sans tache. Comme nous, comme
tous les humains, elle avait besoin de la grâce de Dieu pour être sauvée. Et
elle a connu le salut, parce qu'elle a été petite à ses propres yeux. C'est pourquoi
elle entend cette salutation étrange, venant de l'ange annonciateur : "Je te salue, toi à qui une grâce a été
faite" (v. 28). En fait, elle loue Dieu comme son Sauveur et elle
chante, reprenant les paroles d'une autre femme illustre, Anne, la mère du
prophète Samuel : "Il a dispersé
ceux qui avaient des pensées orgueilleuses, il a renversé les puissants de
leurs trônes, il a élevé les humbles" (Lc 1. 51-52). Marie a été une
servante humble.
Si vous ne connaissez pas l'humilité, votre vie spirituelle
n'avancera pas. Vous ne serez jamais de bonnes servantes, de bons serviteurs du
Seigneur, si l'orgueil ou l'orgueil spirituel remplit votre cœur. Et si
quelqu'un n'a pas encore reçu la grâce, c'est peut-être parce qu'il n'a pas
fait comme le publicain de la parabole, qui n'osait même pas lever les yeux au
ciel et qui priait ainsi, en se frappant la poitrine : "O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis un pécheur !"
(Luc 18. 13). Nous avons besoin d'apprendre les leçons de Marie, nous avons
besoin d'apprendre l'humilité.
De même, nous avons besoin d'imiter la foi de Marie. "Je suis la servante du Seigneur. Qu'il
me soit fait selon ta parole" (v. 38). Et retenons aussi ce que lui
dit Elisabeth, lors de sa visite chez elle : "Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement de ce qui lui a été
dit de la part du Seigneur" (v. 45). Marie s'est appuyée simplement
sur les paroles prononcées par l'ange de la part de Dieu. Quel contraste avec
la réaction de Zacharie lorsque le même ange Gabriel lui a annoncé la naissance
d'un fils, alors que sa femme ne pouvait pas avoir d'enfant. Le vieux
sacrificateur, plein de doute, se met à discuter avec Dieu : "A quoi reconnaîtrai-je cela ? Je suis
vieux ainsi que ma femme" (v. 18). Comme si le Seigneur ne le savait pas !
Au contraire, Marie croit Dieu, aussi invraisemblable que
lui paraisse la parole du messager de Dieu. Peut-être se remémore-t-elle ce que
le prophète a annoncé des siècles auparavant : "Le Seigneur vous donnera un signe : voici, la vierge sera
enceinte" (Es. 7. 14). Marie n'a aucun doute. Elle fait confiance à
Dieu. Elle est persuadée que "rien
ne lui est impossible", comme vient de le lui rappeler l'ange.
Combien de gens aujourd'hui butent sur la naissance
virginale de Jésus ! Comme ils sont aussi scandalisés par la croix, comme ils
n'admettent pas la résurrection. Combien
d'incrédules, même parmi ceux qui portent le nom de chrétiens ! Combien de
sages, de savants qui nous qualifient de fous, quand ce n'est pas de primaires,
d'obscurantistes, nous qui croyons, comme Marie, que le Sauveur est né sans
l'intervention d'un homme ! Mais peut-être est-ce bien dans la difficulté que
l'on reconnaît la vraie foi, celle qui ne limite ni la puissance, ni l'amour de
Dieu.
Remarquez que Marie, en entendant la déclaration de l'ange,
réagit tout de suite et pose une question pour éclairer sa foi. Elle veut avoir
une explication. Elle est curieuse et je qualifierais sa foi d'intelligente, de
réfléchie, puisqu'elle demande à l'ange : "De
quelle manière, cela se produira-t-il, puisque je n'ai pas de relations avec un
homme ?" (v. 34). Ne nous imaginons pas que notre foi nous dispense de
réfléchir, ou de raisonner, bref, de nous poser des questions. Mais
l'essentiel, l'indispensable, c'est de rester dans cette confiance absolue à la
parole de Dieu. "Je suis la servante
du Seigneur."
A l'humilité et à la foi, j'ajouterai encore la soumission
comme une autre qualité de la servante du Seigneur. Marie ne résiste pas à
Dieu. Elle accepte sa volonté. Elle est d'accord d'entrer dans le plan de Dieu.
Sa foi se traduit par l'obéissance, par le don de soi. Elle donne son corps,
elle sacrifie son honneur, elle prend le risque d'être renvoyée par son fiancé,
d'être montrée du doigt, sinon même d'être condamnée par son peuple. Parce
qu'elle veut accomplir la Parole de Dieu. Vous ne pouvez jamais faire la
volonté de Dieu en restant votre propre maître. Il vous faut, comme Marie,
savoir être docile, vis-à-vis du Seigneur. Il vous faut savoir sacrifier ce que
vous êtes, votre volonté, vos pensées, vos projets égoïstes. Il vous faut
savoir discerner la volonté de Dieu et vous y plier. L'obéissance, la
soumission d’une servante, d’un serviteur du Seigneur, sont des qualités
essentielles. Quand elles existent, elles peuvent avoir des conséquences
insoupçonnées : Pensez à l'ère nouvelle inaugurée par la naissance de Jésus.
Enfin disons que le service de Marie veut se faire dans la joie
: "Mon esprit s'est rempli
d'allégresse en Dieu, mon Sauveur" (v. 47). L'allégresse, voilà un
terme bien biblique. Déjà le psalmiste ordonnait : "Servez le Seigneur dans l'allégresse, allez à lui avec des chants
de joie" (Ps. 100. 2). "Heureuse
celle qui a cru !" dit Elisabeth. La joie, tout l'évangile de Luc est
sous ce signe. La joie, c'est ce que le Seigneur met dans le cœur de celui qui
veut le servir comme Marie.
Voulez-vous, comme elle, devenir servante, serviteur du
Seigneur ? Alors demandez-lui les qualités de la jeune vierge de Bethléhem,
l'humilité, la foi, la soumission, sans oublier la joie. Myriam, le nom hébreu
de Marie, signifie rebelle, obstinée. Mais la voici qui devient l'humble et
docile servante du Seigneur parce qu'elle s'est donnée tout entière à lui.
De même, laissez-le vous transformer à l'image de Celui que Marie a porté en son sein. "Je suis la servante, on pourrait
traduire : l'esclave du Seigneur". Cependant Dieu ne l'appellera
pas esclave, ni ne la traitera ainsi. Mais elle sera pour lui une authentique
fille de Dieu.
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