vendredi 30 novembre 2012

Les fêtes : L'AVENT III


Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu." (Es. 40. 1) 

Consolez, consolez mon peuple…       



Lectures : Livre du prophète Esaïe, chapitre 61, versets 1 à 9
                      Deuxième épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 1, versets 3 à 7
                      Évangile selon Matthieu, chapitre 5, versets 3 à 10
        

         Voici pour notre réflexion un texte que nous lisons encore dans le livre du prophète Esaïe aux versets 1 et 2 du chapitre 40  :
Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu,
parlez au cœur de Jérusalem,
annoncez-lui qu’il est fini le temps de ses luttes,
qu’elle est expiée son iniquité,
qu’elle a reçu de la main du Seigneur au double de tous ses péchés.
  
          Au moment où le prophète écrit ces paroles, on n’en est pas encore là. Précédemment, au chapitre 39, il annonçait la victoire de l’ennemi babylonien et la déportation. Effectivement les Israélites connaîtront  pendant 70 ans l'éloignement et la servitude en exil. Dans un autre poème admirable, voici comment ils évoquaient plus tard ce bannissement difficile :     
         Auprès des fleuves de Babylone,
nous étions assis et nous pleurions
en nous souvenant de Sion.
Aux saules de la contrée
nous avions suspendu nos harpes.
Là, nos vainqueurs nous demandaient des cantiques
et nos bourreaux de la joie :
Chantez-nous des cantiques de Sion !
Comment aurions-nous chanté le cantique du Seigneur
sur un sol étranger ? (Ps. 137. 1-4). 


             Mais sans transition et  dans une magnifique vision prophétique, Esaïe annonce maintenant le retour au pays et la fin du jugement de Dieu envers son peuple infidèle. Il annonce la consolation et son texte contraste tellement avec ce qui précède que certains se sont demandé s’il n’avait pas été rédigé après les faits mentionnés, c'est-à-dire après la captivité, seulement après que le peuple aurait vécu sa délivrance. Mais justement, la grande caractéristique de la prophétie biblique, c’est d’annoncer à l’avance ce qui va arriver. De plus, la parole de ce chapitre 40 a une portée eschatologique, c'est-à-dire qu'elle concerne l'avenir et les derniers temps inaugurés par l'avènement du Messie. Voilà pourquoi je l’ai choisie pour ce temps de l’Avent. 

Consolez,  consolez mon peuple,  dit votre Dieu,  parlez au cœur de Jérusalem...  Ces mots sont  un message d’espoir. Le temps de la délivrance est venu. Le salut pointe. Le retour de Babylone se produit, premier acte de la restauration complète d’Israël. C’est l’arrivée du Seigneur au milieu de son peuple. 

       "Consolez, consolez mon peuple… C’est la fin d’un état de choses insupportable et c’est l’inauguration d’une bien meilleure période. Car la consolation vaut mieux que les larmes, le réconfort mieux que l’affliction, l’apaisement mieux que la peine. On se sent revigoré, ravigoté, rasséréné, ragaillardi. Le calme remplace les tensions, la sérénité les épreuves, et la paix le temps des combats. 

         Nous aussi, en tant que chrétiens, nous vivons dans le monde comme des exilés sur une terre étrangère. Nous ne nous trouvons pas bien dans un milieu hostile. Nous sommes environnés de morosité et de perspectives pessimistes. On nous matraque tous les jours par un flot de nouvelles plus ou moins mauvaises. Nous ressentons vivement des injustices dans différents procès, dans des affaires. Il y a des luttes de pouvoir, des rivalités. Notre existence se déroule dans une ambiance de meurtres, de morts, de maladies incurables. Les gens sont victimes de conflits, de catastrophes naturelles, de crises économiques ou politiques. On assiste à des démissions, des renvois, des mécontentements. On aurait envie de sortir du marasme et du désespoir, d’une situation nauséeuse. On aurait envie de respirer autre chose et de pousser un grand ouf ! Mais avec le message de consolation, c’est de l’air pur qui arrive. C’est comme un arc-en-ciel dans un ciel embrouillé. 

         D'autre part, quelqu'un parmi nous pourrait être dans l’abattement parce que le mal domine encore son existence. Malgré son désir et ses bonnes résolutions, ce sont ses propres tendances mauvaises qui le mènent où il ne voudrait pas. Ses passions ou ses pulsions naturelles dirigent sa vie. Cela le mine et le ronge secrètement. Il n’a aucun répit. Que des remords et des regrets. Pour cette personne-là aussi il y a un message encourageant ce matin. Dieu veut parler à son cœur, comme au cœur de Jérusalem, comme à notre cœur. Là, dans la solitude, il nous adresse la parole, il nous attire tout près de lui et nous fait entendre sa voix douce et consolante. Et que contient son message ? Que dit-il ? 

         D’abord que les hostilités ont cessé. Cette longue période de captivité s’est montrée éprouvante, mais elle prend fin. Par l’exil des Israélites, Dieu voulait mettre fin à leur idolâtrie et à l’iniquité. Il veut détruire et déraciner ces penchants sans cesse resurgissant. Tant il est vrai qu’il ne peut y avoir ni consolation, ni repos, aussi longtemps que le péché n’est pas mâté, maîtrisé, aussi longtemps qu’on ne peut pas y résister.  Le ciel est le seul lieu de consolation  et de repos parfait parce que le péché n’y entre pas. Mais nous pouvons déjà connaître, à cause de l’œuvre de Jésus-Christ, le ciel sur la terre. Il faut le rappeler bien fort en cette période de l’Avent. Criez-lui que sa servitude a pris fin, que son combat est terminé.

         Dites-lui aussi que sa faute est graciée. Jérusalem bénéficie de l’acquittement de sa peine. Un si grand nombre d’années de captivité et d’humiliation pesait sur elle comme un lourd fardeau. Maintenant ce fardeau lui est ôté parce qu’un mystère est révélé : le Serviteur fidèle du Seigneur se voit chargé des fardeaux et du péché de son peuple. Le Seigneur fait retomber sur lui l’iniquité de tous (Es. 53.6) Il en est de même pour nous. Il y a remise effective du châtiment qui nous revenait à cause du sacrifice du Fils bien-aimé de Dieu. En fait la justice de ce Dieu trois fois saint est satisfaite, parce que l’expiation est réalisée par une victime innocente sur laquelle se décharge toute la colère de Dieu. La consolation devient alors non seulement possible, mais effective pour son peuple, parce qu’il est, lui le Seigneur, en Jésus-Christ, un Père riche en bonté. Il est appelé "le Dieu de toute consolation. 

         Enfin dites à Jérusalem "qu’elle a reçu de la part du Seigneur au double de ses péchés.   Cette expression a été diversement interprétée. Je la comprends dans le sens de la  bénédiction en abondance, comme on peut le déduire de notre première lecture (Es. 61. 7). C’est la grâce pleinement suffisante de Dieu qui se manifeste. Non seulement le rapatriement est envisagé pour le peuple, mais sa restauration complète. Et cela se fera grâce à Cyrus, le nouveau roi des Perses. Au chapitre 41 de son livre, Esaïe ose l’appeler le messie du Seigneur. Mais bien plus tard viendra une autre restauration  quand un autre Messie sera suscité, notre Seigneur Jésus-Christ. Lui est venu nous apporter une immense consolation, une consolation éternelle. Oui, quand Dieu restaure quelqu’un, il le fait avec l’abondance de sa grâce et dans sa plénitude. 

         Reste à souligner qui sont les bénéficiaires de la consolation divine, les objets de son réconfort. Consolez mon peuple, dit notre Dieu. La consolation est donc pour ceux que le Seigneur appelle son peuple. Heureux les affligés, avons-nous lu dans l’Evangile, car ils seront consolés (Mat. 5. 4). D’autres ont traduit : Heureux ceux qui mènent deuil. Seuls seront consolés ceux qui pleurent sur leur propre situation, sur leur propre péché et qui se confient au Seigneur. Seuls seront guéris ceux qui se savent malades et qui sont allés trouver le divin Médecin. Je pose la question : Sommes-nous heureux ce matin ? Connaissons-nous la consolation du Père ? 

         J’ai connu Marina, une jeune femme enfermée dans ses problèmes loin du Seigneur. Le jour où elle a compris et accepté l’amour de Dieu pour elle, c’est comme si les boules qui lui serraient la gorge tombaient et disparaissaient immédiatement. Elle ressentait un immense bien-être, un grand soulagement. Moi-même, j’ai connu la même paix le jour où je me suis approché de mon Sauveur pour lui demander pardon et me confier en lui complètement.  Et vous ?...  Vous êtes-vous approché du Seigneur ? Vous êtes-vous abandonné dans ses bras d’amour pour connaître cette consolation que lui seul peut vous apporter ? 

         Avant de terminer, encore un mot : L’auteur français Jules Renard a écrit : Quand on est heureux, il reste beaucoup à faire : à consoler les autres. Il a raison.  Consolez, consolez… A qui s’adresse cet ordre insistant puisque  répété ? N’est-ce pas à nous tous qui connaissons la consolation ? Souvenez-vous des paroles de l’apôtre : Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ… lui qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans toutes sortes d’afflictions (II Cor. 1. 4). Je vous invite donc à faire un geste, à dire une parole aujourd’hui, demain, après-demain, pour réconforter, pour encourager, pour apporter la consolation autour de vous. C’est notre vocation, c’est à cela que nous sommes appelés. Que le Seigneur nous y aide ! Et tout autour de nous, on connaîtra le merveilleux message de Noël.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Messages d'espoir