″Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu." (Es. 40. 1)
Consolez, consolez mon peuple…
Lectures : Livre du prophète Esaïe, chapitre
61, versets 1 à 9
Deuxième épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 1, versets 3 à 7Évangile selon Matthieu, chapitre 5, versets 3 à 10
Voici pour notre réflexion un texte que nous lisons encore dans le livre du prophète Esaïe aux versets 1 et 2 du chapitre 40 :
″Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu,
parlez au cœur de Jérusalem,
annoncez-lui qu’il est fini le temps de ses luttes,
qu’elle est expiée son iniquité,
qu’elle a reçu de la main du Seigneur au double de tous ses péchés.″
Au moment où le prophète écrit ces paroles, on n’en est pas encore là. Précédemment, au chapitre 39, il annonçait la victoire de l’ennemi babylonien et la déportation. Effectivement les Israélites connaîtront pendant 70 ans l'éloignement et la servitude en exil. Dans un autre poème admirable, voici comment ils évoquaient plus tard ce bannissement difficile :
″Auprès des fleuves de Babylone,
nous étions assis et nous pleurions
en nous souvenant de Sion.
Aux saules de la contrée
nous avions suspendu nos harpes.
Là, nos vainqueurs nous demandaient des cantiques
et nos bourreaux de la joie :
Chantez-nous des cantiques de Sion !
Comment aurions-nous chanté le cantique du Seigneur
sur un sol étranger ?″ (Ps. 137. 1-4).
Mais sans transition et dans une magnifique vision prophétique, Esaïe annonce maintenant le retour au pays et la
fin du jugement de Dieu envers son peuple infidèle. Il annonce la consolation et son texte contraste
tellement avec ce qui précède que certains se sont demandé s’il n’avait pas
été rédigé après les faits mentionnés, c'est-à-dire après la captivité,
seulement après que le peuple aurait vécu sa délivrance. Mais justement, la
grande caractéristique de la prophétie biblique, c’est d’annoncer à l’avance ce
qui va arriver. De plus, la parole de ce chapitre 40 a une portée eschatologique, c'est-à-dire qu'elle concerne l'avenir et les derniers temps inaugurés par l'avènement du Messie.
Voilà pourquoi je l’ai choisie pour ce temps de l’Avent.
″Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cœur de Jérusalem...″ Ces mots sont un message
d’espoir. Le temps de la délivrance est venu. Le salut pointe. Le retour de
Babylone se produit, premier acte de la restauration complète d’Israël. C’est
l’arrivée du Seigneur au milieu de son peuple.
"Consolez, consolez mon peuple…″ C’est la fin d’un état de choses insupportable et c’est l’inauguration
d’une bien meilleure période. Car la consolation vaut mieux que les larmes, le
réconfort mieux que l’affliction, l’apaisement mieux que la peine. On se sent
revigoré, ravigoté, rasséréné, ragaillardi. Le calme remplace les tensions, la sérénité
les épreuves, et la paix le temps des combats.
Nous
aussi, en tant que chrétiens, nous vivons dans le monde comme des exilés sur
une terre étrangère. Nous ne nous trouvons pas bien dans un milieu hostile.
Nous sommes environnés de morosité et de perspectives pessimistes. On nous
matraque tous les jours par un flot de nouvelles plus ou moins mauvaises. Nous
ressentons vivement des injustices dans différents procès, dans des affaires.
Il y a des luttes de pouvoir, des rivalités. Notre existence se déroule dans
une ambiance de meurtres, de morts, de maladies incurables. Les gens sont
victimes de conflits, de catastrophes naturelles, de crises économiques ou
politiques. On assiste à des démissions, des renvois, des mécontentements. On
aurait envie de sortir du marasme et du désespoir, d’une situation nauséeuse. On
aurait envie de respirer autre chose et de pousser un grand ouf ! Mais
avec le message de consolation, c’est de l’air pur qui arrive. C’est comme un
arc-en-ciel dans un ciel embrouillé.
D'autre
part, quelqu'un parmi nous pourrait être dans l’abattement parce que le mal domine encore son existence. Malgré son désir et ses bonnes résolutions, ce sont
ses propres tendances mauvaises qui le mènent où il ne voudrait pas. Ses passions ou
ses pulsions naturelles dirigent sa vie. Cela le mine et le ronge
secrètement. Il n’a aucun répit. Que des remords et des regrets. Pour cette
personne-là aussi il y a un message encourageant ce matin. Dieu veut parler à son
cœur, comme au cœur de Jérusalem, comme à notre cœur. Là, dans la solitude, il
nous adresse la parole, il nous attire tout près de lui et nous fait entendre
sa voix douce et consolante. Et que contient son message ? Que
dit-il ?
D’abord
que les hostilités ont cessé. Cette longue période de captivité s’est montrée
éprouvante, mais elle prend fin. Par l’exil des Israélites, Dieu voulait mettre
fin à leur idolâtrie et à l’iniquité. Il veut détruire et déraciner ces
penchants sans cesse resurgissant. Tant il est vrai qu’il ne peut y avoir ni
consolation, ni repos, aussi longtemps que le péché n’est pas mâté, maîtrisé,
aussi longtemps qu’on ne peut pas y résister.
Le ciel est le seul lieu de consolation et de repos parfait parce que le péché n’y
entre pas. Mais nous pouvons déjà connaître, à cause de l’œuvre de
Jésus-Christ, le ciel sur la terre. Il faut le rappeler bien fort en cette
période de l’Avent. Criez-lui que sa servitude a pris fin, que son combat est
terminé.
Dites-lui
aussi que sa faute est graciée. Jérusalem bénéficie de l’acquittement de sa
peine. Un si grand nombre d’années de captivité et d’humiliation pesait sur elle
comme un lourd fardeau. Maintenant ce fardeau lui est ôté parce qu’un mystère
est révélé : le Serviteur fidèle du Seigneur se voit chargé des fardeaux
et du péché de son peuple. ″Le Seigneur fait retomber sur lui l’iniquité de tous″ (Es. 53.6) Il en est de même pour nous. Il y a remise
effective du châtiment qui nous revenait à cause du sacrifice du Fils bien-aimé
de Dieu. En fait la justice de ce Dieu trois fois saint est satisfaite, parce
que l’expiation est réalisée par une victime innocente sur laquelle se décharge
toute la colère de Dieu. La consolation devient alors non seulement possible,
mais effective pour son peuple, parce qu’il est, lui le Seigneur, en
Jésus-Christ, un Père riche en bonté. Il est appelé "le Dieu de toute consolation.″
Enfin
dites à Jérusalem "qu’elle a reçu de
la part du Seigneur au double de ses péchés.″ Cette expression a été diversement
interprétée. Je la comprends dans le sens de la
bénédiction en abondance, comme on peut le déduire de notre première
lecture (Es. 61. 7). C’est la grâce pleinement suffisante de Dieu qui se
manifeste. Non seulement le rapatriement est envisagé pour le peuple, mais sa
restauration complète. Et cela se fera grâce à Cyrus, le nouveau roi des
Perses. Au chapitre 41 de son livre, Esaïe ose l’appeler le messie du Seigneur.
Mais bien plus tard viendra une autre restauration quand un autre Messie sera suscité, notre
Seigneur Jésus-Christ. Lui est venu nous apporter une immense consolation, une
consolation éternelle. Oui, quand Dieu restaure quelqu’un, il le fait avec
l’abondance de sa grâce et dans sa plénitude.
Reste à
souligner qui sont les bénéficiaires de la consolation divine, les objets de
son réconfort. ″Consolez mon peuple, dit
notre Dieu.″ La consolation est donc pour ceux que le Seigneur appelle son peuple. ″Heureux les affligés, avons-nous lu dans l’Evangile, car ils seront
consolés″ (Mat. 5. 4). D’autres ont traduit : ″Heureux ceux qui mènent deuil.″ Seuls seront consolés ceux qui pleurent sur leur propre situation, sur
leur propre péché et qui se confient au Seigneur. Seuls seront guéris ceux qui
se savent malades et qui sont allés trouver le divin Médecin. Je pose la
question : Sommes-nous heureux ce matin ? Connaissons-nous la
consolation du Père ?
J’ai
connu Marina, une jeune femme enfermée dans ses problèmes loin du Seigneur. Le
jour où elle a compris et accepté l’amour de Dieu pour elle, c’est comme si les
boules qui lui serraient la gorge tombaient et disparaissaient immédiatement.
Elle ressentait un immense bien-être, un grand soulagement. Moi-même, j’ai connu la même
paix le jour où je me suis approché de mon Sauveur pour lui demander pardon et
me confier en lui complètement. Et
vous ?... Vous êtes-vous approché du
Seigneur ? Vous êtes-vous abandonné dans ses bras d’amour pour connaître
cette consolation que lui seul peut vous apporter ?
Avant de
terminer, encore un mot : L’auteur français Jules Renard a écrit : ″Quand
on est heureux, il reste beaucoup à faire : à consoler les autres″. Il a
raison. ″ Consolez, consolez…″ A qui s’adresse cet ordre insistant puisque répété ? N’est-ce pas à nous tous qui
connaissons la consolation ? Souvenez-vous des paroles de l’apôtre : ″Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ… lui qui nous
console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que nous
recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se
trouvent dans toutes sortes d’afflictions″ (II Cor. 1. 4). Je vous invite donc à faire un geste, à dire une parole
aujourd’hui, demain, après-demain, pour réconforter, pour encourager, pour apporter
la consolation autour de vous. C’est notre vocation, c’est à cela que nous
sommes appelés. Que le Seigneur nous y aide ! Et tout autour de nous, on
connaîtra le merveilleux message de Noël.
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