vendredi 30 novembre 2012

Les fêtes : L'AVENT I

Préparez le chemin du Seigneur !

(Luc 3. 4)


Lectures : Livre du prophète Malachie, chapitre 3, versets 1 à 6
                        Seconde épître de Pierre, chapitre 3, versets 9 à 14
                   Évangile selon Luc, chapitre 1, versets 76 à 77 et 3, vers. 1 à 6


Nous avons assisté, dans un pays neuf comme la Côte d'Ivoire, à la construction de nouvelles routes. On ne suivait pas les anciens tracés des pistes de la forêt. On aurait abouti à un réseau pire que celui qu'on trouve dans nos régions montagneuses ! Il s'agissait d'arriver à faire une route nationale presque rectiligne, sans dos d'âne, et qui permette une moyenne de plus de 100 km à l'heure. Le rayon des courbes était calculé, le pourcentage des pentes aussi, pour le réduire au minimum.  Je me rappelle tous les moyens mis en œuvre, les engins, les bulldozers, qui creusaient des trouées dans les collines et qui poussaient la terre pour combler les vallonnements. Et comme chaque année on célébrait la fête nationale dans une ville différente, on mettait en chantier, des mois à l'avance, une voie nouvelle menant à la localité choisie. Tout était mis en œuvre pour que le jour venu, cette route soit prête, lorsque Monsieur le Président de la République viendrait dans sa grande limousine blindée, avec toute sa suite.

 Notre Roi à nous vient, il est en train de venir, frères et sœurs, préparons son chemin. Mais déjà nous connaissons le tracé de ce chemin emprunté par le Seigneur ! Il passe par l'étable de Bethléhem où Jésus naquit. Il le conduit dans l'atelier du charpentier et dans la synagogue de Nazareth, au bord du lac de Galilée. Il lui fait visiter les villes, les bourgs et les campagnes. Il le fait traverser la Samarie, gravir les monts de Judée, monter au Temple de Jérusalem, entrer dans le jardin de Gethsémané. Ce chemin le mène surtout jusqu'au Calvaire et sur la croix entre deux malfaiteurs. Il passe ensuite par le tombeau de Joseph d'Arimathée, mais aussi à travers la pierre roulée du matin de Pâques.

Quand on parle du chemin du Seigneur, on ne peut oublier tout cela. On ne peut oublier la route d’Emmaüs et l'émerveillement de deux de ses disciples. On a encore en mémoire le dernier rendez-vous sur le mont des Oliviers, le nuage qui le cache aux yeux de ses apôtres et le ciel où il monte dans la gloire. Et l'on entend encore la voix des messagers de Dieu disant : "Ce Jésus viendra de la même manière que vous l'avez vu monter au ciel" (Act. 1. 11). Oui, il vient, nous l'attendons et nous percevons déjà le bruit de ses pas. Il est en marche et ceux qui ont la foi le voient venir et ils observent les signes précurseurs de son avènement. Ils l'attendent avec impatience et nostalgie et ils prient de tout leur cœur : Viens Seigneur Jésus ! (Apoc. 22. 20).

Jean-Baptiste a été un précurseur. En disant : "Après moi vient un homme qui m'a précédé" (Jn 1. 30), il a annoncé la venue de Jésus. Mais il a aussi frayé sa voie. Par sa prédication et par le baptême de repentance qu'il pratiquait, il a préparé le peuple de Dieu à accueillir son Messie.

Comment nous-mêmes pouvons-nous aujourd'hui préparer sa seconde venue ? Ce n'est pas en décorant nos maisons ou nos temples d'une couronne à quatre bougies, quoique je n'aie rien contre cette coutume. En ce temps de l'Avent, nous nous rappelons la venue du Christ. Le mot "avent", du latin adventus, veut dire en effet venue, arrivée, avènement.  Or en cette période, on dirait parfois qu'on s'apprête encore à préparer l'arrivée du petit Jésus dans la crèche, comme si chaque année il allait venir encore et encore. Alors on se met à jeûner et à prier, mais en vue de quoi ?

 Ne faisons pas de confusion. Noël est l'anniversaire de sa première venue. Sa seconde venue est annoncée, elle est devant nous. Sa naissance n'est que le début d'un grand acte qui se déroule en plusieurs tableaux. Et ce grand acte a pour titre "Le Seigneur vient" : il est venu, il vient, il viendra. La Parole éternelle a pris un corps humain une seule fois il y a environ 2000 ans. L'étape suivante, c'est qu'il vienne dans notre vie. L'étape finale aura lieu au terme de notre ère, quand il viendra juger le monde.

En attendant nous devons tout faire pour hâter son arrivée, comme l'apôtre Pierre nous y invite. Nous l'avons lu tout à l'heure : "C'est avec une conduite sainte et avec piété qu'il nous faut attendre et hâter l'avènement du jour de Dieu."  Hâter sa venue, c'est en fait préparer son chemin.

Jean-Baptiste, dans notre texte, donne quatre images qui pourraient symboliquement indiquer quatre manières de nous comporter pour mieux préparer la venue de notre Seigneur.

 Première image : "Toute vallée sera comblée", c'est à dire tout précipice, tout défilé sera rempli. Ces précipices, ces défilés, ces gorges profondes, c'est tout ce qui nous sépare de notre sœur, de notre frère, peut-être de mon conjoint, de mes enfants, de mon prochain. Ce sont ces inimitiés, ces querelles, ces divisions entre nous. Il faut savoir se supporter, encore mieux se pardonner, oublier. On   parle bien de fossés qui nous séparent les uns des autres. Eh bien, ces fossés, il faut savoir les combler.

Deuxième image : "Toute montagne et toute colline seront abaissées."  Il y a dans nos vies de ces hauteurs qui ont besoin d'être anéanties : c'est cette opinion si avantageuse que nous avons de nous-mêmes, ce sont toutes nos suffisances, grandes et petites, nos vanteries, nos supériorités, nos susceptibilités, notre orgueil spirituel, notre orgueil d'Église. Souvenons-nous que le Seigneur, lui, s'est abaissé en venant à nous à Noël. Il nous a dit : Venez à mon école, car je suis foncièrement humble et doux (Mat. 11. 29). Ayons donc les sentiments qui étaient en lui.

Troisième image : "Ce qui est tortueux sera redressé." Pourquoi, dans nos relations avec les autres, utilisons-nous souvent bien des détours ? Il se peut, qu'au lieu de la franchise, nous ayons un langage double. Au lieu de la simplicité, il nous arrive, hélas, de tricher, de tricher avec nos amis, de tricher avec nos proches. Au lieu de la droiture, nous cachons, nous camouflons, dans le travail, dans les affaires. Au lieu de la vérité nous pratiquons l'hypocrisie. Il y a décidément beaucoup de détours, beaucoup de ces petits sentiers tortueux qui sont à redresser pour préparer la venue du Seigneur.

Quatrième image : "Les chemins rocailleux seront nivelés." Que d'aspérités encore dans nos vies et qui font tomber ceux que nous voudrions entraîner, que de pierres sur lesquelles nous buttons nous-mêmes. Reconnaissons-le, il peut arriver que nous scandalisions ceux que nous côtoyons. Or le scandale, à l'origine, c'est le petit caillou dans le chemin qui fait trébucher. Dans l’une des Églises où j'ai exercé mon ministère, se trouvait un frère qui habitait une petite maison sur une colline. Pour y accéder, le chemin montant était en très mauvais état. Les pluies y avaient creusé de grosses ornières et fait ressortir plein de cailloux. Un jour il décida de faire goudronner ce bout de chemin. Quelle différence ! C’était lisse, agréable, c'était bon. C'est exactement ce que Dieu veut pour nous, comme le dit sa parole : "Ce qu'on apprécie chez l'homme, c'est sa bonté" (Prov. 19. 22).

En un mot, notre attitude, un comportement différent, une vie exemplaire, voilà la sainteté qui fera hâter l'avènement du jour de Dieu Voilà ce qui, aujourd'hui, préparera le chemin du Seigneur. Nous avons besoin d'ouvrir dès ce matin de nouveaux chantiers. Par lequel allons-nous commencer ?

Le précurseur, reprenant la prophétie d'Esaïe, ajoute : "et tout homme verra le salut de Dieu." Je prends cette parole, comme étant la vision que les gens du monde peuvent avoir des chrétiens. Ils verront sur nous, en nous, ce salut que Dieu nous a accordé dans sa grâce. Ils remarqueront cette transformation visible qui leur feront envie et qu'ils voudront vivre eux-mêmes. En fait, ils verront quelque chose qui est les prémisses de leur propre salut. Quel beau résultat !

"J'envoie mon messager, disait Malachie (3.1), il ouvrira le chemin devant moi." Le Baptiste a été ce messager, ce précurseur de la première venue de Jésus. Ce matin, le Seigneur nous appelle à être, nous aussi, avant son avènement, ses messagers, ses précurseurs. Que chacun de nous réponde : "Me voici, Seigneur,  je suis prêt, à préparer ta venue toute proche."

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